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      Textes fondateurs sur l’évangélisation

Textes fondateurs sur l’évangélisation

L’Église existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour annoncer le Christ. Depuis sa fondation, à travers le monde et dans tous les âges, l’Église est missionnaire, elle annonce la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité. Lors du Concile Vatican II, l’Église a pu formuler théologiquement ce qu’elle vivait depuis 2000 ans. Cela sera développé dans différents textes du magistère de l’Église qui nous invite à nous former sur le sens réel de l’Évangélisation
Traversons différents textes du Magistère de l’Église afin de nous aider à saisir ce que l’Église veut nous dire lorsqu’elle parle de la Nouvelle Évangélisation.

Ecclesiam suam

Vatican II

Synode de 1974 sur l’évangélisation : Le « Document Bleu »

Evangelii Nuntiandi (Paul VI – 1975)

Jean-Paul II – La « Nouvelle Évangélisation »

D’autres textes


Il est bon de regarder ce que l’Église nous dit de la Nouvelle Évangélisation.
En premier lieu, notons que depuis ses débuts, l’Église vit sa mission du fait du mandat missionnaire du Christ : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20). Ainsi, à travers l’Église, le Christ veut rejoindre toutes les époques, tous les lieux et tous les milieux de la société, et atteindre chacun, pour que tous deviennent un seul troupeau sous un seul Pasteur (cf. Jn 10, 16).
Lors du Concile Vatican II, l’Église a pu formuler théologiquement ce qu’elle vivait depuis 2000 ans.
Ici, il faut faire une remarque. En convoquant le Concile, le Pape Jean XXIII désirait que celui-ci ouvre l’Église au monde moderne. Pour lui, il n’était pas question de réinventer la doctrine mais de lui donner une nouvelle formulation afin qu’elle soit entendue dans le monde de ce temps. Ce Concile est donc un Concile pastoral entièrement tourné vers la mission d’évangélisation de l’Église : accueillir la Révélation pour en vivre afin de l’annoncer. C’est pourquoi le texte central, qui donne tout le mouvement théologal du Concile Vatican II, est celui de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine, Dei Verbum, qui fut promulgué le 18 novembre 1965 après bien des discussions.
Les grands documents conciliaires sont bien évidemment préparés par toute la Tradition de l’Église et seront également déclinés dans différents textes du magistère de l’Église. Si nous les regardons dans notre parcours sur la Nouvelle Évangélisation c’est qu’il nous sont donnés pour pouvoir à notre tour vivre de la mission de l’Église dans un dialogue authentique avec le monde.

Ecclesiam suam (Paul VI – 1964)

Il s’agit de la première encyclique de Paul VI. Il l’a écrite entre deux sessions du Concile Vatican II manifestant ainsi à toute l’Église, et en particulier aux Pères Conciliaires, ses propres préoccupations au début de son pontificat.
Trois pensées concernant l’Église occupent l’esprit du Pape :

L’Église prend conscience d’elle-même :

« L’heure sonne pour l’Église d’approfondir la conscience qu’elle a d’elle-même, de méditer sur le mystère qui est le sien, d’explorer pour sa propre instruction et sa propre édification, la doctrine qu’elle connaît déjà et qui a été en ce dernier siècle précisée et répandue, concernant sa propre origine, sa propre nature, sa propre mission, son propre sort final, doctrine cependant jamais assez étudiée et comprise » (n° 10).

Paul VI

En prenant conscience de ce qu’elle est, l’Église voit tout le chemin de conversion que ses membres sont appelés à vivre :

« De cette conscience éclairée et agissante, dérive un désir spontané de confronter à l’image idéale de l’Eglise, telle que le Christ la vit, la voulut et l’aima comme son Epouse sainte et immaculée. (Ep 5,27), le visage réel que l’Eglise présente aujourd’hui. Celui-ci est fidèle, par la grâce de Dieu, aux traits que son divin Fondateur lui imprima et que le Saint-Esprit vivifia et développa dans le cours des siècles en une forme plus ample et correspondant mieux d’une part au concept initial, de l’autre à la nature de l’humanité qu’elle évangélisait et assumait ; mais, jamais, il n’est assez parfait, assez beau, assez saint et lumineux pour être conforme au concept divin qui constitue son modèle. De là, naît un désir généreux et comme impatient de renouvellement, c’est-à-dire de correction des défauts que cette conscience, en s’examinant à la lumière du modèle que le Christ nous en a laissé, dénonce et rejette. Quel est donc le devoir actuel de l’Eglise de corriger les défauts de ses propres membres et de les faire tendre à une plus grande perfection, et quelle est la méthode pour arriver avec sagesse à un renouvellement si important » (n° 11-12).

Du fait de sa situation, l’Église vit dans le monde, sans être du monde, mais étant appelée à entrer en dialogue avec lui. C’est la démarche missionnaire qui est ici mis en lumière :

« Si vraiment l’Eglise, comme Nous le disions, a conscience de ce que le Seigneur veut qu’elle soit, il surgit en elle une singulière plénitude et un besoin d’expansion, avec la claire conscience d’une mission qui la dépasse et d’une nouvelle à répandre. C’est l’obligation d’évangéliser. C’est le mandat missionnaire. C’est le devoir d’apostolat. Une attitude de fidèle conservation ne suffit pas » (n° 66).

Paul VI rappelle que nous devons continuer le dialogue que Dieu a inauguré avec l’humanité. C’est un dialogue qui est pour tous mais qui doit être vécu dans le respect de la conscience, de la liberté de chacun. En d’autres termes, ce dialogue est une conversation au cours de laquelle on est appelé à faire des propositions d’une manière claire tout en attendant avec confiance l’heure de Dieu. Il important d’être à l’écoute, de s’adapter à l’interlocuteur, afin de l’aider, avec douceur et prudence, à accueillir cette heure de Dieu.
Le Pape définit trois cercles concentriques qui déterminent ceux avec qui le dialogue est appelé à ce faire. A chacun de ces cercles correspond, bien évidemment, un mode particulier de dialogue.

Avec l’humanité tout entière car tout ce qui est humain nous touche puisque le Christ appelle tout homme : « Et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tout homme à moi » (Jn 12, 32).

Avec tous ceux qui croient en Dieu : « par devoir de loyauté, nous devons manifester notre conviction que la vraie religion est unique et que c’est la religion chrétienne, et nourrir l’espoir de la voir reconnue comme telle par tous ceux qui cherchent et adorent Dieu » (n°111)

Avec les Frères Chrétiens séparés. Ce dialogue prend le nom d’œcuménisme et est déjà engagé, avec en certain lieu des approches positives.

Vatican II

A la demande de Jean XXIII, le Concile avait pour but d’aider l’Église à vivre et annoncer la vérité de la Foi dans un monde qui avait changé en profondeur. C’est pourquoi, Vatican II fut essentiellement un Concile Pastoral, sans condamnation ni définition dogmatique particulières, mais invitant l’Église a redécouvrir le fondement de ce qu’elle est, de ce qu’elle vit et de ce qu’elle célèbre pour l’annoncer d’une manière audible au monde. C’est pourquoi, il faudrait considérer l’ensemble du Concile car chacun des documents ouvrent à la réalité de l’évangélisation.

Ayant conscience de cette réalité conciliaire, le Pape Jean-Paul II, qui fut un grand acteur du Vatican II, a pu écrire aux numéros 18 et 20 de sa Lettre Apostolique de 1994, A l’aube du Troisième Millénaire :

« On peut affirmer que le Concile Vatican II constitue un événement providentiel par lequel l’Église a commencé la préparation immédiate du Jubilé du deuxième millénaire. Il s’agit en effet d’un Concile semblable aux précédents, et pourtant très différent ; un Concile centré sur le mystère du Christ et de son Église, et en même temps ouvert au monde. Cette ouverture a été la réponse évangélique à l’évolution récente du monde, avec les bouleversements qu’a connus le XXe siècle éprouvé par une première puis une deuxième guerres mondiales, par l’expérience des camps de concentration et d’effroyables massacres. Tout ce qui est arrivé montre plus que jamais que le monde a besoin de purification, qu’il a besoin de conversion. »
(…) « Une grande richesse de contenu et le ton nouveau, inconnu jusqu’alors, avec lequel les questions ont été présentées par le Concile constituent comme une annonce de temps nouveaux. Les Pères conciliaires ont parlé le langage de l’Évangile, le langage du Discours sur la montagne et des Béatitudes. Dans le message du Concile, Dieu est présent dans sa seigneurie absolue sur toutes choses, mais aussi comme garant de l’authentique autonomie des réalités temporelles. »

On ne peut présenter, ici, l’ensemble du Concile en montrant comment il nous parle de l’évangélisation. Une lecture générale permet de déterminer des lignes de force traversant les textes conciliaires. Certes, ces différents thèmes seront développés suivant les documents dans lesquels nous les retrouverons. Mais ils se trouvent comme synthétisés dans le décret Ad Gentes, sur l’activité missionnaire de l’Église, qui fut promulgué au terme du Concile le 07 décembre 1965. Je présenterai donc ce texte.

Dès le préambule de ce document, nous avons un résumé fulgurant de ce qui sera développé tout au long du texte, dans le reste des numéros :

« Envoyé par Dieu aux peuples pour être "le sacrement universel du salut", l’Eglise, en vertu des exigences intimes de sa propre catholicité, et obéissant au commandement de son Fondateur (cf. Mc 16, 15), est tendue de tout son effort vers la prédication de l’Evangile à tous les hommes. Les Apôtres eux-mêmes, en effet, sur lesquels l’Eglise a été fondée, ont suivi les traces du Christ, "prêché la parole de vérité et engendré des églises". Le devoir de leurs successeurs est de perpétuer cette oeuvre, afin que "la parole de Dieu soit divulguée et glorifiée" (2 Thess. 3, 1), le Royaume de Dieu annoncé et instauré dans le monde entier.
Mais, dans l’ordre actuel des choses, dont découlent de nouvelles conditions pour l’humanité, l’Eglise, sel de la terre et lumière du monde (cf. Mt. 5, 13-14), est appelée de façon plus pressante à sauver et à rénover toute créature, afin que tout soit restauré dans le Christ, et qu’en Lui les hommes constituent une seule famille et un seul peuple de Dieu. »

Depuis son origine jusqu’à la fin des temps, l’Église vit un dialogue avec le monde afin d’annoncer le salut apporté par le Seigneur Jésus. C’est dans sa nature et elle est envoyée pour cela. Il lui faut donc mettre en œuvre la réalité profonde de son être tout en cherchant à connaître le monde auquel elle s’adresse.

La mission se fonde sur l’identité même de l’Église dont le mystère s’enracine dans la Trinité Sainte.

« De sa nature, l’Eglise, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père. » (n° 2). Ainsi la mission de l’Église est en quelque sorte la prolongation des missions trinitaires :

  1. L’Église est envoyée en vertu du mandat du Christ. Aussi, c’est lui qui est toujours à l’œuvre au cœur de la mission de l’Église qui est appelée à annoncer à toute la Terre le salut apportée par le Christ.
  2. La mission ne peut s’accomplir sans l’œuvre de l’Esprit Saint qui vient vivifier les membres de l’Église. Aussi, tous les membres de l’Église sont appelés à être des missionnaires (cf n° 35).

Tout au long de l’histoire du salut, la mission est toujours la même mais les circonstances changent.

En effet, dans sa vie, l’Église dialogue avec Dieu (accueil de la Révélation et de la Tradition) et, étant envoyée, elle part dialoguer avec le monde qui évolue au gré de l’histoire. C’est pourquoi, il est nécessaire pour l’Église de savoir s’adapter à ces nouvelles données du dialogue avec le monde.

  1. Il faut être à l’écoute des nouvelles conditions dans lesquelles s’accomplit la mission. Cela est vrai non seulement en ce qui concerne la notion de temps mais également pour ce qui concerne les différents lieux de la planète. L’Église est appelée à suivre le mouvement même de l’Incarnation du Christ dans une démarche d’authentique inculturation.
  2. Le ministère de la diakonie est très important comme préparation à l’accueil de l’Évangile. Ce ministère de la Charité est une manifestation de la présence du Christ qui parcourait les villes et les villages en guérissant de toute langueur et de toute maladie (cf n° 12).

Le Christ a voulu que l’annonce du salut passe par l’Église.

Il est donc important de manifester sa présence au travers des différents ministères qui la composent (évêques, prêtres, diacres, vie consacrée, fidèles laïcs). Mais de plus, il est important de respecter les chemins que le Seigneur seul connaît. En d’autres termes, il faut respecter les Semences du Verbe largement répandues dans le cœur de l’homme. Ce sont de véritables pierres d’attentes de l’Évangile sur lesquelles ont peut s’appuyer pour annoncer le salut apporté en Jésus-Christ.
L’évangélisation doit respecter profondément la grandeur de l’homme et de sa conscience qui ne peut être violée.

Connaissant le dessein du Père, tout baptisé est appelé à coopérer dans le respect du charisme de chacun. De cette dimension découle la nécessité pour chaque fidèle du Christ de se former afin d’annoncer l’Évangile et non une Sagesse humaine particulière. Il en découle également l’exigence de la sainteté car l’évangélisation se fait non seulement dans une annonce explicite de la Foi mais également dans un témoignage de vie qui est appelée à être conforme à ce qui est annoncée.

Synode de 1974 sur l’évangélisation : Le « Document Bleu »

Ce Synode des évêques a été réuni à Rome en Octobre et Novembre 1974. Les évêques venaient de toutes les régions du monde et avaient chacun des préoccupations particulières, diverses et variées. Au moment de faire la synthèse des interventions, le cardinal Wojtyla, archevêque de Cracovie, a accepté de rédiger ce travail en accueillant une matière où les concepts semblaient opposés ou paradoxaux. Il fallait réussir à tenir ensemble la complexité de la matière, sans rejeter l’une ou l’autre proposition ou intervention, car chacune était l’expression de la préoccupation des différents pères synodaux. C’était en quelque sorte une présentation complexe de la préoccupation missionnaire de l’Église universelle.
Le travail de synthèse du cardinal Wojtyla, appellé communément le « Document Bleu », marque un tournant dans le mode de réflexion théologique en ce qui concerne la mission.

« Très saint Père, Vénérables Pères,
Il me revient de proposer à votre attention la synthèse des interventions que nous avons entendus dans l’aula, mais aussi des notes écrites communiqués au secrétariat du Synode. Ceci afin de choisir les thèmes proposés à la discussion des groupes de travail (circuli minores)
En écoutant ou en lisant vos interventions, j’ai été sensible à la crainte de négliger quelqu’un de éléments de cette donnée complexe que nous désignons sous le nom "d’évangélisation" : il est très important de rassembler tous les traits que vous avez notés. Et il ne suffit pas de les aligner, car ils se complètent mutuellement, en sorte qu’il faut les réunir pour obtenir un concept intégral d’évangélisation.
Pour mieux mettre en lumière la complémentarité d’éléments apparemment opposés, nous allons nous efforcer de proposer en conjonction ces concepts qui s’appellent mutuellement ».

Après cette introduction, suivent sept paragraphes dont il faut citer les titres :

  1. L’Esprit Saint et la dimension humaine
  2. Proclamation du message et témoignage de vie
  3. Unité et pluralisme
  4. Intégrité et adaptation du message évangélique
  5. Continuité et rupture vis-à-vis des mentalités
  6. Sécularisation et religion
  7. Peuple de Dieu et hiérarchies

En conclusion, le cardinal Wojyla montre la réalité paradoxale et vaste de la notion d’évangélisation : depuis l’annonce missionnaire du salut aux non chrétiens, jusqu’au fait que ce mot désigne l’ensemble de l’activité de l’Église.
Il semble que, pour le Karol Wojtyla, le Concile Vatican II a été une période charnière dans l’évolution du sens du mot évangélisation. Cette évolution du sens a certainement rendu perplexe les Pères Synodaux d’où la difficulté de synthèse. Mais cela aura eu un élément bénéfique qu’est l’enrichissement du concept. En effet, il ne s’agit plus d’opposer mais d’intégrer les différents aspects afin de s’enrichir mutuellement. Dans la vie de Foi, et donc dans la vie missionnaire, il y a des paradoxes dont il faut tenir ensemble les deux pans.

Evangelii Nuntiandi (Paul VI – 1975)

Un an après le Synode, cette Exhortation Apostolique de Paul VI est un texte majeur et déterminant pour toute l’Église. Il célèbre à la fois la clôture de l’Année Sainte et les dix ans de la fin du Concile Vatican II.

Dans ce texte, le Pape donne une véritable charte de l’évangélisation. Le témoignage missionnaire de l’Église ne peut que partir du Christ pour aller jusqu’au Christ. En effet, l’Église ne peut intervenir qu’en considérant qu’il lui faut aller à la rencontre de Celui qui travaille une âme afin de l’aider à découvrir et accueillir Celui qui est là agissant.

De ce fait, pour une authentique démarche missionnaire, il y a plusieurs éléments essentiels qu’il faut savoir prendre ensemble afin que le réalité missionnaire soit fidèle à la Vérité de l’Évangile. Elle sera ainsi efficace.

  1. Le fondement de l’évangélisation c’est le Christ qui, par sa Personne même et toute sa vie, EST LA BONNE NOUVELLE.
  2. Il est important de connaître les différents principes de l’Évangélisation, réalité complexe ayant comme contenu essentiel : l’Amour Miséricordieux du Père pleinement révélé en Jésus-Christ Sauveur – Libérateur de l’homme, de tout l’homme, de tous les hommes – dans l’Esprit Saint.
    « L’évangélisation, (…), est une démarche complexe, aux éléments variés : renouveau de l’humanité, témoignage, annonce explicite, adhésion du cœur, entrée dans la communauté, accueil des signes, initiative d’apostolat. Ces éléments peuvent apparaître contrastants, voire exclusifs. Ils sont en réalité complémentaires et mutuellement enrichissants. Il faut toujours envisager chacun d’eux dans son intégration aux autres » (n° 24).
  3. Dans les numéros 41 à 48 Paul VI décline « les modes les plus adaptés et les plus efficaces pour communiquer le message évangélique aux hommes de notre temps » (n° 40).
    1. Témoignage de la vie : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ».
    2. Une prédication vivante qui devra être nourrie de la Parole de Dieu. Cette annonce explicite de la Foi est appelée à se faire dans la liturgie, la catéchèse, ou le contact personnel. Elle doit conduire à une expérience de Dieu qui pourra se faire dans la célébration des sacrements.
    3. « Dans notre siècle marqué par les mass media ou moyens de communication sociale, la première annonce, la catéchèse ou l’approfondissement ultérieur de la foi, ne peuvent pas se passer de ces moyens ».
    4. Éduquer à une piété populaire qui soit authentique et fidèle à l’Église.

Certes, il n’y a pas de méthode magique et infaillible car, dans la démarche missionnaire, on doit respecter et l’œuvre de Dieu et la conscience de l’homme.
Ce que veut nous donner Paul VI peut se résumer dans les mots même de Sainte Bernadette : « Je suis chargée de vous le dire et non de vous le faire croire » ! Il rappelle ainsi le mandat du Christ qui envoie ses disciples à toutes les nations et qui est donc constitutif de l’être même de l’Église tout au long de l’histoire.
Il est certain que de nos jours, cette réalité des nations a pris un sens particulier. On peut ainsi définir différentes sphères, qui recouvrent toutes les catégories sociales et religieuses, et vers lesquelles l’Église envoie des évangélisateurs. Cette démarche missionnaire peut se faire dans l’Espérance car dans chacune de ces sphères il est possible de découvrir des pierres d’attentes de l’Évangile sur lesquelles on peut, et on doit, s’appuyer afin d’annoncer la vérité de la Foi au Christ d’une manière efficace.

Jean-Paul II – La « Nouvelle Évangélisation »

Alors que l’expression de « Nouvelle Évangélisation » est née au CELAM en 1968, le pape Jean-Paul II en a approfondi le concept non seulement dans ses enseignements mais également au travers de l’exercice de son ministère pontifical.

Lors de son premier voyage en Pologne, Jean-Paul II utilise pour la première fois l’expression le 09 Juin 1979, à Nowa Huta. L’histoire de cette ville, qui devait être construite sans église, donne à penser que Jean-Paul II veut engager non seulement la Pologne mais également toute l’Église dans une démarche missionnaire confiante et résolue face aux défis humains du monde moderne : la conscience de l’homme doit être respectée et la marque de ce respect s’exprime d’une manière forte dans la liberté religieuse. En d’autres termes, annoncer l’Évangile en proposant Jésus-Christ c’est respecter l’homme, c’est accomplir la mission de l’Église :
« Si ce Corps mystique du Christ est le peuple de Dieu – comme dira par la suite le Concile Vatican II en se fondant sur toute la tradition biblique et patristique –, cela signifie que tout homme est dans ce Corps pénétré par le souffle de vie qui vient du Christ. En ce sens également se tourner vers l’homme, vers ses problèmes réels, vers ses espérances et ses souffrances, ses conquêtes et ses chutes, fait que l’Eglise elle-même comme corps, comme organisme, comme unité sociale, perçoit les impulsions divines, les lumières et les forces de l’Esprit Saint qui proviennent du Christ crucifié et ressuscité, et c’est là précisément la raison d’être de sa vie. L’Eglise n’a pas d’autre vie que celle que lui donne son Epoux et Seigneur. En effet, parce que le Christ s’est uni à elle dans son ministère de Rédemption, l’Eglise doit être fortement unie à chaque homme. » (Redemptor Hominis, 4 mars 1979, n° 18).

Dans les nombreux textes (Encycliques, Exhortations Apostoliques, Homélies, etc…) du Pape Jean-Paul II, l’expression de « nouvelle évangélisation » est régulièrement employée. C’est dans l’Exhortation apostolique post-synodale sur la formation des prêtres, du 25 mars 1992 Pastores Dabo Vobis, que le Pape emploie le plus cette expression.

Pour comprendre ce concept, il est important de garder en mémoire la réalité conciliaire concernant l’importance de renouveler l’annonce de l’Évangile. Aussi la « nouvelle évangélisation » doit être nouvelle non dans ce qu’elle annonce, puisqu’elle doit annoncer le Christ Rédempteur qui est le même hier, aujourd’hui et toujours, mais elle doit être nouvelle dans son ardeur, ses méthodes, son organisation. Et Jean-Paul II de développer au travers de tous ses documents comment l’ensemble de l’Église, et donc chacun de ses membres suivant la mission qui lui est propre (clercs, consacrés, fidèles du Christ laïcs), est appelé à être missionnaire.

Relevons quelques uns de ces documents les plus significatifs en ce qui concerne l’évangélisation.

  1. Catechesi Tradendae (16 octobre 1979) : La catéchèse est l’un des moments forts de l’évangélisation puisque par l’objet central de l’enseignement catéchétique est la personne de Jésus-Christ avec qui l’homme est appelé à entrer en communion.
  2. Christi Fideles Laici (30 décembre 1980) : Au cœur de la vie de l’Église, les fidèles laïcs sont envoyés d’une manière particulière dans le monde. C’est à eux qu’il revient en premier lieu d’annoncer l’Évangile dans toutes les dimensions de la vie du monde : « La parabole évangélique (ouvriers envoyés à la vigne – Mt 20, 1-16) met sous nos yeux l’immense vigne du Seigneur, et la foule des personnes, hommes et femmes, qu’Il appelle et qu’Il envoie y travailler. La vigne, c’est le monde entier (cf. Mt 13, 38), qui doit être transformé selon le dessein de Dieu, en vue de l’avènement définitif du Royaume de Dieu. » (n° 1).
  3. Redemptoris Missio (7 décembre 1990) : La mission au loin est véritablement le modèle de toute évangélisation. En effet, il existe une unique mission de l’Église mais il y a des contextes qui sont différents. Au numéro 33 de son encyclique, le Pape relève trois contextes qui se retrouvent dans le monde et qui cœxistent souvent ensemble :
    1. « Tout d’abord, celle à laquelle s’adresse l’activité missionnaire de l’Eglise : des peuples, des groupes humains, des contextes socio-culturels dans lesquels le Christ et son Evangile ne sont pas connus, ou dans lesquels il n’y a pas de communautés chrétiennes assez mûres pour pouvoir incarner la foi dans leur milieu et l’annoncer à d’autres groupes. Telle est, à proprement parler, la mission ad gentes »
    2. « Il y a ensuite des communautés chrétiennes aux structures ecclésiales fortes et adaptées, à la foi et à la vie ferventes, qui rendent témoignage à l’Evangile de manière rayonnante dans leur milieu et qui prennent conscience du devoir de la mission universelle. En elles s’exerce l’activité pastorale de l’Eglise. »
    3. « Il existe enfin une situation intermédiaire, surtout dans les pays de vieille tradition chrétienne mais parfois aussi dans les Eglises plus jeunes, où des groupes entiers de baptisés ont perdu le sens de la foi vivante ou vont jusqu’à ne plus se reconnaître comme membres de l’Eglise, en menant une existence éloignée du Christ et de son Evangile. Dans ce cas, il faut une "nouvelle évangélisation" ou une "réévangélisation". »
  4. Novo millenio ineunte (6 janvier 2001) : Dans la vie missionnaire, il y a un mouvement de respiration fondamentale : contempler le Christ – repartir du Christ.
    1. « Il ne s’agit pas alors d’inventer un "nouveau programme". Le programme existe déjà : c’est celui de toujours, tiré de l’Évangile et de la Tradition vivante. Il est centré, en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu’il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l’histoire jusqu’à son achèvement dans la Jérusalem céleste. C’est un programme qui ne change pas avec la variation des temps et des cultures, même s’il tient compte du temps et de la culture pour un dialogue vrai et une communication efficace. Ce programme de toujours est notre programme pour le troisième millénaire.
      Il est toutefois nécessaire qu’il se traduise par des orientations pastorales adaptées aux conditions de chaque communauté. » (n° 29)
  5. Si les divers mouvements, les communautés de vie consacrée, ont toute leur place dans l’évangélisation, Jean-Paul II rappelle le rôle spécifique de la paroisse comme lieu d’apprentissage de la réalité ecclésiologique de communion, accueillant les divers charismes, et de mission vers tous les hommes, au cœur de la vie du monde.
    1. « La paroisse est la cellule vitale dans laquelle la participation des laïcs à l’édification et à la mission de l’Église dans le monde trouve sa place naturelle. Il s’agit d’une présence qui conduit constamment chaque homme à se confronter avec le sens ultime de la vie ; c’est une porte ouverte à tous, afin que chacun puisse accéder à la voie du salut. En un mot, la paroisse est le lieu par excellence de l’annonce du Christ et de l’éducation de la foi. Précisément pour cela, elle a besoin de se renouveler constamment pour devenir une véritable "communauté de communautés", capable d’un action missionnaire véritablement incisive. » (Discours à l’Assemblée plénière du Conseil Pontifical pour les laïcs, le 25 novembre 2004).

D’autres textes

Dans l’ensemble du magistère de l’Église plusieurs textes nous aide à comprendre la démarche missionnaire. Je vais en reprendre deux principaux : le Catéchisme de l’Église Catholique, et le Directoire Général pour la catéchèse.

Dans le Catéchisme de l’Église Catholique, promulgué par le pape Jean-Paul II le 11 octobre 1992, quatre numéros nous donnent une synthèse de ce qu’est l’évangélisation.

  1. 849 Le mandat missionnaire. " Envoyée par Dieu aux nations pour être le sacrement universel du salut, l’Église, en vertu des exigences intimes de sa propre catholicité et obéissant au commandement de son fondateur est tendue de tout son effort vers la prédication de l’Évangile à tous les hommes " (AG 1) : " Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde " (Mt 28, 19-20).
  2. 850 L’origine et le but de la mission. Le mandat missionnaire du Seigneur a sa source ultime dans l’amour éternel de la Très Sainte Trinité : " De par sa nature, l’Église, durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père " (AG 2). Et but dernier de la mission n’est autre que de faire participer les hommes à la communion qui existe entre le Père et le Fils dans leur Esprit d’amour (cf. Jean-Paul II, RM 23).
  3. 851 Le motif de la mission. C’est de l’amour de Dieu pour tous les hommes que l’Église a de tout temps tiré l’obligation et la force de son élan missionnaire : " car l’amour du Christ nous presse... " (2Co 5, 14 ; cf. AA 6 ; RM 11). En effet, " Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité " (1Tm 2, 4). Dieu veut le salut de tous par la connaissance de la vérité. Le salut se trouve dans la vérité. Ceux qui obéissent à la motion de l’Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du salut ; mais l’Église à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la rencontre de leur désir pour la leur apporter. C’est parce qu’elle croit au dessin universel de salut qu’elle doit être missionnaire.
  4. 852 Les chemins de la mission." L’Esprit Saint est le protagoniste de toute la mission ecclésiale " (RM 21). C’est lui qui conduit l’Église sur les chemins de la mission. Celle-ci" continue et développe au cours de l’histoire la mission du Christ lui-même, qui fut envoyé pour annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle ; c’est donc par la même route qu’a suivi le Christ lui-même que, sous la poussée de l’Esprit du Christ, l’Église doit marcher, c’est-à-dire par la route de la pauvreté, de l’obéissance, du service et de l’immolation de soi jusqu’à la mort, dont il est sorti victorieux par sa résurrection " (AG 5). C’est ainsi que " le sang des martyrs est une semence de chrétiens " (Tertullien, apol. 50).

Le 15 août 1997 a été publié par la congrégation pour le clergé le Directoire Général pour la catéchèse. Ce document présente, dans la démarche spécifiquement catéchétique, ce qu’est la réalité de l’évangélisation. On retrouve la matière dans la première partie qui a pour titre : La catéchèse dans la mission évangélisatrice de l’Église. En partant du mouvement même du document conciliaire sur la Révélation, Dei Verbum, le Directoire rappelle que s’il y a une initiative de Dieu, on se doit d’accueillir ce que Dieu nous dit et non l’imaginer. En d’autres termes, le premier acte évangélisateur est celui de Dieu Lui-même qui se révèle en allant jusqu’à se donner Lui-même dans l’œuvre de l’Incarnation. « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie – car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1Jn 1, 1-3). De cette réalité découle que la Parole de Dieu aura une place première dans l’acte évangélisateur car elle est un processus de vie qui se déploie pour lui-même. Pour illustrer cela, il serait bon de reprendre différentes paraboles de l’Évangile (cf par exemple la Parabole du Semeur et l’explication que Jésus en donne Mt 13, 3-9.18-23), mais également de bien prendre conscience que la croissance de la Parole est coextensive à celle de l’Église car le croyant est celui qui écoute et accueille la Parole (cf Ac 8, 14 ; 17, 11).

Abbé Pierre Le Bourgeois
27 Mai 2008

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Ce document a été réalisé à partir des cours de l’Institut Missionnaire du diocèse de Fréjus Toulon.

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