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      Mystique histoire de la France

Mystique histoire de la France

Les racines chrétiennes de la France

« Baptême de la France », « France fille aînée de l’Église » : ces formules peuvent paraître aujourd’hui désuètes, vidées de leur sens par déchristianisation. Ce sont pourtant des mots de toujours, inspirés à l’Église par la voix des papes et la prière des saints. Réflexions à partir d’un article de Famille Chrétienne (n° 1789)


Même si la venue en Provence de sainte Marie Madeleine, saint Lazare et les autres disciples n’est pas admise par tous les historiens, nul ne nie que notre pays ait eu des évêques dès le II° siècle, avec saint Pothin et saint Irénée de Lyon. C’est-à-dire, pour ce dernier, le disciple de saint Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean ! Une vieille histoire.

Dans notre diocèse, comme ici à Nantua, cette histoire de l’annonce de l’Évangile remonte à des temps éloignés. C’est un fait historique qui nous est manifestée dans la culture et a forgé notre patrimoine, notre paysage français, notre langage. Il est essentiel d’en faire mémoire afin de vivre le présent tourné vers l’avenir, sans désespérer.

C’est avec le baptême de Clovis à Noël 496 (ou 498) que l’idée de nation chrétienne se fait jour. Les historiens sont dans leur rôle en disséquant, sources à l’appui, tout ce qu’un tel geste comporte de politique, et comment l’adhésion à une religion nouvelle n’efface pas d’un coup les antiques réflexes païens. Mais leurs scrupules n’empêchent pas une autre lecture de l’événement, prophétique et mystique. Comme celle que les prophètes juifs faisaient de l’histoire de leur peuple, réinterprétée de façon spirituelle.

Cathédrale de Reims

Dire qu’en Clovis, premier roi (d’Occident) catholique, c’est la France même qui est baptisée et qu’elle est donc fille aînée de l’Église, ce ne sont pas là des expressions qui surgissent spontanément, aussitôt enregistrée et archivées. Par son baptême, avec 3000 de ses guerriers, Clovis enracine la France naissante dans la foi chrétienne. Dans son Testament, texte fondateur de la vocation chrétienne de la France, saint Rémi écrit :

« Le royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l’Église romaine (…). Il durera jusqu’à la fin des temps. Il sera victorieux et prospère tant qu’il sera fidèle à la foi romaine, mais il sera rudement châtié toutes le fois qu’il sera infidèle à sa vocation ».

On ne connaît pas de texte ancien comportant l’expression « France fille aînée de l’Église ». Elle n’est pas citée dans le Testament de saint Rémi où on lit :

« Puissent-ils [les descendants de Clovis] être élevés aussi sur le trône dans la maison de David, c’est-à-dire dans la Jérusalem céleste, pour y régner éternellement avec le Seigneur ».

Jeanne d’Arc au sacre du roi Charles VII, toile de Dominique Ingres (1780-1867).

On la trouve dans une lettre de 1239, que saint Pie X citera pour la béatification de Jeanne d’Arc, le 13 décembre 1908 :

« Comme autrefois, [Dieu] préféra la tribu de Juda à celles des autres fils de Jacob […] ainsi il choisit la France de préférence à toutes les autres nations de la Terre, pour la protection de la foi catholique et pour la défense de la liberté religieuse. Pour ce motif, la France est le royaume de Dieu même, les ennemis de la France sont les ennemis du Christ ».

La réalité de l’élection de la France, n’est-elle pas affirmée par le Pape de manière impressionnante ?

Finalement il semble que l’auteur définitif de l’expression « Fille aînée de l’Église » soit le cardinal Langénieux, archevêque de Reims, en 1896, pour le 14° centenaire du baptême de Clovis. Il ne s’agissait pour lui que d’étendre au pays ce qui était dit de ses rois, « fils aînés de l’Église », mais la formule a eu une fortune remarquable. Ce qui montre que sa signification n’est pas de simple circonstance, mais réelle et profonde.

Léon XIII

Elle a été reprise par les papes avec constance, citée sinon comme ayant une antiquité attestée, du moins comme exprimant une vérité traditionnellement reçue.

Le pape Léon XIII, s’adressa le 2 mai 1879 aux pèlerins français en leur disant :

« […] le Bon Dieu n’abandonnera pas un peuple qui ne se lasse pas de donner au monde de si éclatants témoignages de sa fidélité à son Église, de son amour filial au vicaire du céleste Rédempteur. Voilà pourquoi il importe […] que vous continuiez à hardiment professer [ces vertus] […] qui ont valu jadis à la France le titre glorieux de fille aînée de l’Église. »

S’il en est ainsi, c’est parce que les Français « ont surtout signalé leur vertu en défendant par toute la terre le nom catholique, en propageant la foi chrétienne, en délivrant et protégeant les lieux saints de Palestine ».

Dans l’encyclique Nobilissima Gallorum gens, de 1884, Léon XIII écrivait :

« La très noble nation française […] s’est acquis envers l’Église catholique des mérites et des titres à une reconnaissance immortelle et à une gloire qui ne s’éteindra pas. […] elle eut l’honneur d’être appelée fille aînée de l’Église, témoignage et récompense tout ensemble de sa foi et de sa piété ».

Le 16 février 1892, alors que la République semble consolidée, Léon XIII adressera à la France une autre encyclique, Au milieu des sollicitudes. Il y invite le peuple français à se rallier au régime tout en manifestant que la vocation de la France n’est pas liée à une forme de gouvernement :

« Va, fille aînée de l’Église, nation prédestinée, vas d’élection, va porter comme par le passé [le nom de Dieu] devant tous les peuples et tous les rois de la terre ! ».

Pie X

Le pape Pie X intervient dans un tout autre contexte : on est alors en 1905 et le gouvernement français vient de rompre toute relation diplomatique avec le Saint Siège, d’expulser les congrégations, de voter la séparation des églises et de l’état. Il donne témoignage de la confiance inébranlable de Rome, malgré les vicissitudes de l’histoire, dans la fidélité de la nation française. Écoutons-le. Nous sommes le 29 novembre 1911 :

« Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une céleste et entendra une voix qui lui répétera : ‘Ma fille, pourquoi me persécutes-tu ?’ […] Et elle, tremblante et étonnée, dira : ‘Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?’ Et lui : ‘Lève-toi, lave tes souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein tes sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, fille aînée de l’Église, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, mon nom devant tous les peuples et tous les rois de la Terre’. »

Ce témoignage de confiance sera repris par Pie XI, en proclamant Notre-Dame de l’Assomption patronne de la France, le 2 mars 1922 :

« […] selon un ancien adage, […] le Royaume de France a été appelé le Royaume de Marie, et cela à juste titre. […] les pontifes romains […] ont toujours, au cours des siècles, comblé des marques particulières de leur paternelle affection la France, justement appelée la fille aînée de l’Église »

.

Si nous continuons dans le regard des textes pontificaux, citons également Pie XII qui dira aux français le 25 juin 1956 :

« Levez donc les yeux, fils bien-aimé, dignes représentants d’une nation qui se glorifie du titre de fille aînée de l’Église, et regardez les exemples qui vous ont précédés ».

Le Pape invite ainsi le peuple français à oser regarder son histoire afin de vivre dans la fidélité à ses racines chrétiennes.

Enfin, comment ne pas nous rappeler Jean-Paul II qui, par ses expression répétées et insistantes, a rendu à nouveau familières ces expressions « Baptême de la France » et « Fille aînée de l’Église ». Écoutons-le encore une fois. Nous sommes au Bourget le 1er juin 1980, lors de son premier voyage pontifical en France :

« Je voudrais répéter ces paroles qui constituent votre titre de fierté : fille aînée de l’Église. […] Un très grand chapitre de [l’histoire du salut] a été inscrit dans l’histoire de votre patrie, par les fils et les filles de votre nation. […] France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? Laissez-moi vous le redire encore une fois : France, fille aînée de l’Église et éducatrice des peuple, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ? »

Jean-Paul II

D’ailleurs, quelques jours avant sa venue, le pape polonais confiait que « oui, l’Église doit au peuple de France, qui a beaucoup reçu et aussi beaucoup donné, quelques-unes de ses plus belles pages ».

Cette dernière remarque, ainsi que l’interrogation douloureuse du pape qui a profondément marqué les esprits, nous interpelle chacun d’entre nous. En effet, notre tradition de pays catholique est si rectiligne, si évidente, que nous n’y prêtons plus guère attention. Mais ne faut-il pas aller plus loin en disant que nous n’osons plus regarder en face la vérité de cette histoire sous le faux prétexte de laïcité. D’ailleurs, les historiens anticléricaux de la Troisième République ont voulu faire remonter l’origine de la France à Vercingétorix auquel César ne consacre que quelques lignes dans la Guerre des Gaules. Mais le général de Gaulle, lui, ne s’était pas trompé :

« Pour moi, l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par les tribus des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons vécu la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L’élément décisif pour moi, c’est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l’histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs ».

De cette histoire, nous en sommes dépositaires et nous sommes appelés à en vivre. D’ailleurs, nous en avons un magnifique exemple ici à Nantua ! Ce qui a fait le renom de notre cité, ce n’est pas le lac quoique source naturelle indispensable de subsistance pour ceux qui nous ont précédés, mais c’est bien la réalité de l’abbaye entrée dans la grande famille clunisienne en 1008 alors qu’elle existait déjà auparavant.

A nous de croire à cette réalité pour que la France retrouve ses racines chrétiennes et qu’elle en vive pour le bien de l’humanité.

De nombreuses prières pour la France ont été écrites. Citons :
Marthe Robin : « O Père, ô mon Dieu, délivrez, sauvez maintenant votre France. Préparez le cœur de vos enfants à la mission qu’ils vont avoir à accomplir pour toutes les nations, pour l’Église tout entière ».

Marcel Van : « Seigneur Jésus, aie compassion de la France, daigne l’étreindre dans ton amour et lui en montrer toute ta tendresse. Fais que, remplie d’amour pour Toi, elle contribue à te faire aimer de toutes les nations de la Terre […] ».

P. Pierre Le Bourgeois

En savoir plus

Pour aller plus loin : Jean-François Chemain, La vocation chrétienne de la France, Via Romana

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