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      La soeur ainée de Cluny

La soeur ainée de Cluny

En 1910 a été fêté le millénaire de l’abbaye de Cluny. A cette occasion, monsieur Julien Arène a écrit un petit opuscule sur l’abbaye de Nantua fondée au septième siècle soit avant Cluny.

Avec l’aimable autorisation de la famille Arène, nous publions ce petit opuscule ci-dessous, alors que nous nous apprêtons à célébrer le 1100ème anniversaire de la fondation de Cluny.


On a célébré, à Cluny, les fêtes du millénaire de la fameuse abbaye bénédictine. Les solennités religieuses prescrites à cette occasion par l’évêque d’Autun, Mgr Villard, ont coïncidé avec le congrès d’histoire et d’archéologie organisé, pour cette circonstance par l’Académie de Mâcon.

C’est en effet en 910 que fut fondé par Guillaume le Pieux, duc d’aquitaine, le célèbre monastère qui n’eut, au moyen age, pas de rival en Europe. Ses richesses étaient immenses ; dans son trésor, un des plus beaux et des plus riches de France, on conservait au XII ème et XIII ème siècles, au moment de son apogée, plus de mille châsses et reliquaires merveilleusement ciselés et enrichis d’admirables pierres précieuses, des mitres constellées de perles, des vêtements sacerdotaux tissés d’or et d’argent, des statues et d’innombrables croix et candélabres en métaux précieux. Le monastère croyait posséder aussi, selon une vielle tradition, la pierre sur laquelle Moïse était agenouillé lorsque Dieu lui remit les tables de la loi sur le mont Sinaï, la verge avec laquelle il fit jaillir miraculeusement une fontaine dans le désert, des cheveux, un voile et un vêtement de la Sainte Vierge, la robe de pourpre de Jésus enfant, la pierre sacrée sur laquelle il s’appuyait en enseignant le Pater, le vase d’albâtre contenant les parfums avec lesquels Marie-Madeleine embauma les pieds du Christ, la palme portée par Jésus à son entrée à Jérusalem, le vase ou il changea l’eau en vin aux noces de Cana, etc…

Le millénaire de l’abbaye de Cluny nous rappelle l’histoire de sa sœur aînée, qui fut pendant cinq siècles la première maison de l’ordre des bénédictins.

L’abbaye de Nantua fut fondée en 634, c’est-à-dire 276 ans avant l’abbaye de Cluny, par Saint Amand et par ses successeurs, Teto (670) et Ponce (705).Vinrent ensuite les abbés Guiffardus (796), Gosaldus qui fait, par le chevalier Anselmundus et par sa femme Cécilia, doter le moutier de sa congrégation ; enfin Fulgérus, élu par les bénédictins et que l’empereur Lothaire voulut remplacer par un abbé de son choix. Mais les bénédictins ont pour eux la charte de Childéric qui leur donne le droit d’élire leur abbé. Lothaire d’incline, confirme la charte de Childéric et décrète que quiconque troublerait les religieux du monastère Saint Pierre de Nantua dans l’exercice du droit de nommer leurs abbés, serait condamné à une amende de 30 livres d’or.

En 852 ; l’abbaye de Nantua passe momentanément de la domination des empereurs sous la domination des archevêques de Lyon.

Helmedeus, à qui Aurelianus, 11ème abbé, avait confié, en 875, la direction du monastère, rend les derniers devoirs à l’empereur Charles-le-Chauve et fait donner par ce prince à son monastère sa chapelle de voyage, des étoffes et des objets précieux. C’est sous Berthier, 12ème abbé, que le corps de Charles-le chauve fut, sur l’ordre de son fils et successeur, Louis-le Bègue, transporté, « dans un tonneau enduit de poix », de Nantua à Saint-Denis.

Sous Adalranus II, 13ème abbé, ancien prêtre de Saint-Etienne de Jujurieux, ancien évêque de Macon, le monastère de Nantua reçut en don du comte Albitius et d’Odda, sa femme, de vastes possessions qui, jusqu’à la révolution, firent partie de la terre de Nantua. Echallon, Belleydoux, Montanges, Champfrmier, Giron, Chanay, Saint Germain de Joux, entre autres, étaient compris dans cette riche concession territoriale.

Sur la fin de la vie d’Adalranus II – Adalranus mourut en 969 – une nouvelle invasion de Hongres passa par la vallée de Nantua, dévasta le monastère et la ville dont les habitants prirent la fuite ou furent massacrés.

Pendant près de vingt ans, de 950 à 969, le monastère de Nantua, fondé par saint Amand, ne fut qu’une ruine. Mais de cette ruine dépendait l’ancien pays d’Helnon et les riches possessions cédées par Anselmundus, par Albitius et par d’autres bienfaiteurs. L’abbaye de Cluny qui avait échappé aux ravages des Hongres, vit tout le parti qu’elle pouvait en tirer. Du reste, ces religieux, comme les religieux de Nantua, étaient de l’ordre de saint Benoît. Ils obtinrent, grâce à l’intercession de Gerdberge, mère de Lothaire, roi de France, la cession du monastère de Nantua qu’ils s’engagèrent à relever, et des dépendances de ce monastère. Voici les principaux passages de la charte que nous a transmise Guichenon et qui mit Nantua sous l’obéissance de Cluny :

« Au nom de Dieu et de la Trinité indivisible, nous, Lothaire, roi par la grâce de Dieu, suivant les coutumes des rois, nos prédécesseurs, écoutant favorablement les justes réclamations de nos fidèles, voulant qu’il soit notoire à toute la sainte Eglise de Dieu et à tous nos fidèles, que notre très glorieuse mère Gerberge, reine par le consentement des siens et de nos fidèles, nous a prié par des ordres maternels de soumettre au monastère de Cluny et à ses abbés, le monastère sui est situé dans le comté Varesino (?) qui a été érigé en l’honneur de saint Amand, lequel monastère manque d’abbé et se trouve placé dans des lieux inhabités ; nous concédons ledit monastère de saint Amand à l’abbaye de Cluny, en entier avec toutes ses dépendances, villages, domaines, colons des deux sexes, prés, vignes, forêts, eaux, cours d’eau, afin que, suivant que Dieu lui aura donné les moyens, elle le conserve, rende le lieu charitable et fasse que le Dieu tout puissant y soit loué chaque jour avec les saints. Ma très glorieuse mère avec nous a voulu cela pour que la récompense de la félicité éternelle lui soit octroyée par la bonté du Christ. En foi de quoi et pour assurer plus fermement cette possession, nous avons confirmé cet acte de notre propre main et avons ordonné qu’il fut signé du sceau de notre autorité. – Donné le neuf des calendes de décembre, sous le règne du glorieux roi Lothaire, indiction troisième. Fait au palais de Dijon. Amen. »

Quand Hugues, abbé de Cluny, eut obtenu du pape Parcal II la faveur de réduire en simples prieurés les abbayes qui n’avaient point d’abbé, les prieurs du monastère de Nantua, descendu du premier au second rang de l’Institut monastique, jouirent encore des concessions et privilèges accordés aux abbés qui, pendant cinq siècles, avaient été les maîtres et seigneurs de la terre de Nantua et de ses dépendances. De plus, les religieux conservèrent leur bréviaire et leurs rites particuliers, et restèrent presque indépendants de Cluny.

François, premier prieur, fut librement élu par les bénédictins de Nantua qui, aux prétentions de Cluny, opposèrent la charte de Lothaire ; puis Ilio, son

successeur eut l’idée, pour mettre à l’abri de tout empiètement la ville et la terre de Nantua, de les placer l’une et l’autre sous la protection de Louis le Gros, roi de France, qui accepta avec empressement cette tutelle (1119). Louis le Gros favorisait l’affranchissement des communes, qu’il voulait opposer comme de puissantes barrières à l’envahissement de la féodalité ; il accorda à Nantua ses premières franchises et permit à la ville d’organiser son administration et de nommer ses syndics. Dés lors, la vieille ville fondée par saint Amand eut sa vie communale, à coté du moutiers qui étendait ses cloîtres et ses jardins, depuis le ruisseau de Merloz jusqu’au lac Vissel ; les Nantuatiens purent garder leurs portes contre l’ennemi de l’extérieur et leurs privilèges contre les bénédictins qui, sans y réussir tentèrent cent fois une main-mise sur la ville libre de Nantua.

Du reste les prieurs de Nantua conservèrent leur entière indépendance. Ils n’eurent souci des ordres et des décisions de Cluny. Quand ils voulurent demander aide et assistance, ils s’adressèrent parfois aux ducs de Savoie, mais le plus souvent aux rois de France. Cependant, en 1316, le prieuré de Nantua, spolié par Aimé IV de Savoie, eut recours à l’abbé de Cluny qui fit rendre au duc ce qu’il avait pris aux Nantuatiens.

La terre de Nantua est restée terre française « en pays savoyard. ». C’est la fleur de lis qui est inscrite dans ses armoiries. En 1536 les Nantuatiens représentent respectueusement à François Ier, qui se rend en Italie, « qu’ils furent de toute ancienneté en pays d’obéyssance du roi » ; et quand, sous Henri II, le baron de Polvillers, avec une armée savoyarde, veut faire une tentative sur Bourg et sur Lyon, les Nantuatiens lui refusent le passage sur leur territoire.

Mais tout cela n’intéresse plus l’histoire de l’abbaye de Nantua, restée jusqu’en 950 la première maison de l’ordre des bénédictins, et dont nous avons tenu à rappeler les annales alors qu’il s’est agi de fêter le millénaire de Cluny.

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