Ainsi c’est exprimé le Pape Benoît XVI lors d’une audience aux pèlerins allemands le 25 avril 2005. Il y expliquait le combat spirituel qui avait été le sien lors du Conclave et l’appel à la foi que lui a rappelé un de ses confrères cardinal.
Combat spirituel : cette expression prend tout son sens aujourd’hui alors que nous voyons Jésus aller au désert. L’évangéliste nous dit très clairement : « Il fut conduit par l’Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon ». Cette réalité du désert fait également penser aux mots très sobres mais très forts utilisés par le Saint Père le 11 février dernier : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien ». Oui, aller au désert, se retrouver seul face à soi-même et face à Dieu c’est accepter de vivre un véritable combat spirituel : « Seigneur que veux-tu que je fasse ? Donne-moi la grâce de faire le choix de Ta volonté pour le bien de mes frères, de l’Église ! »
N’est-ce pas les mots même de Jésus à Gethsémani, au seuil de sa Passion ? « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ».
Mais ne l’oublions jamais, chers frères et sœurs, le combat spirituel s’il y a une dimension strictement personnelle d’un choix en conscience, il a également une dimension ecclésiale. C’est d’ailleurs, ce qu’a rappelé le saint Père lors de la Messe des Cendres, mercredi dernier : « que chacun d’entre nous sache que le chemin pénitentiel ne doit pas être vécu dans la solitude mais avec tant de frères et sœurs, dans l’Église ». En effet, « La dimension communautaire est un élément essentiel de la foi et de la vie chrétienne. Le Christ est venu ‘afin de rassembler dans l’unité les enfants dispersés’ (cf Jn 11, 52). Le ‘nous’ de l’Église est la communauté dans laquelle Jésus nous réunit tous ensemble (cf Jn 12, 32) : la foi est nécessairement ecclésiale » (Benoît XVI).
Cela nous donne à percevoir ce sens de la Foi et ce sens de l’Église qui animent le Pape dans ce choix de remettre entre les mains du Souverain Pasteur, le Christ, sa charge de successeur de Pierre « pour le bien de l’Église », a-t-il déclaré ! En cette année de la Foi, que le Seigneur nous fasse la grâce de grandir nous aussi dans cet accueil personnel et communautaire de l’amour du Christ, Rédempteur de l’homme !
Si nous avançons dans la lecture de l’évangile de ce dimanche, alors nous entrons dans la profondeur du combat spirituel, dans la profondeur de la tentation. En sa personne, le Seigneur Jésus a assumé l’ensemble des tentations que nous pouvons avoir : celle du Pouvoir, celle de la Gloire, celle de se tourner vers des Idoles. Jésus est lui-même vainqueur de toutes ces tentations. Si nous voulons nous même est vainqueur dans le combat spirituel, alors, dans un acte de foi toujours renouvelé et approfondi, laissons le Christ prendre toute sa place dans notre vie afin d’être d’authentiques disciples de Jésus.
Oui, « Le vrai disciple ne sert ni lui-même, ni le ‘public’, mais son Seigneur, dans la simplicité et la générosité », a pu encore dire Benoît XVI lors de la célébration des Cendres. Aussi le combat spirituel, celui que le Pape a dû vivre avant de prendre cette décision qui nous touche tous, doit être vécu dans une seule Espérance : être toujours plus uni au Seigneur, vivre dans une communion toujours plus profonde avec Lui, recevoir la récompense que Dieu est Lui-même ! En d’autres termes, il s’agit de mettre en œuvre dans notre vie ce que nous disons au cœur de la Messe : « Pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde ».
Il y a bien une dimension d’universalité dans le cheminement spirituel que nous vivons. Nous ne sommes pas seuls, mais ensemble nous avançons chacun personnellement sur la route du Seigneur. Expérience de la communion fraternelle que nous sommes appelés à vivre dans la prière, dans la charité fraternelle. Faibles et pécheurs nous nous portons mutuellement car tous nous avons le même Seigneur.
Chers frères et sœurs bien-aimés, marchons à la suite du Pape qui nous engage, malgré les tentations qui sont les nôtres, à accueillir humblement le Christ Jésus dans une foi renouvelée. Vivons ce temps de Carême non seulement dans une démarche personnelle, chacun a pu choisir des efforts, mais également dans une grande communion avec l’Église en cette heure si particulière.
Amen