Ces mots de Jean-Paul II au début de son encyclique Evangelium Vitae, l’Évangile de la Vie, viennent éclairer avec force l’évangile que nous venons d’entendre.
En effet, dans cette cinquième étape de notre démarche catéchuménal vers Pâques, nous est ici révélé la profondeur du mystère rédempteur, du mystère du salut que le Seigneur Jésus vient apporter. « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle » (Jn 3, 16). Oui, le Seigneur vient nous libérer de notre péché et nous apporter la vie nouvelle et éternelle, c’est-à-dire la vie de Dieu. Nous sommes face au mystère ultime de notre vie, de notre vocation humaine.
Regardons ces versets de l’évangile quelques instants. Plusieurs étapes nous aident à entrer dans le mystère même de l’histoire du salut.
Tout d’abord, il y a l’annonce de la maladie de Lazare et l’attente de Jésus car « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié ». Cette attente peut nous étonner. Mais n’était-elle pas aussi une préparation spirituelle, une préparation de foi à la rencontre que Jésus va avoir avec cette famille qu’il aime ? N’est-ce pas en quelque sorte ce que nous voyons dans la première alliance ? Dieu attend et il prépare l’humanité à accueillir le Messie celui qui est le « Prophète » par excellence en nous disant qui nous sommes et ce que nous avons fait, celui qui est la « Lumière du monde » nous ouvrant les yeux, celui qui est la « Résurrection et la Vie » comme il le dit à Marthe. Il fait de même avec nous. Il nous prépare à la rencontre en nous donnant de purifier notre foi, de la nourrir par sa Parole, de l’enraciner dans la prière. Soyons disponible !
Dans une deuxième étape, Jésus vient en Judée à la rencontre de ceux qui l’appellent. Il dialogue avec Marthe l’invitant à aller jusqu’à l’acte de foi explicite. « Oui, Seigneur, tu es le Messie, je le crois ; tu es le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde ». C’est tout l’enseignement du Seigneur qui est ici manifesté. Ce temps au cours duquel Jésus annonce la Bonne Nouvelle du Royaume en invitant à la conversion. C’est aussi ce que nous vivons à chaque Messe : Jésus vient nous parler, il vient dialoguer avec nous. « Dès lors qu’Il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n’a pas d’autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire ; car ce qu’Il disait par parties aux prophètes, Il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils », écrit saint Jean de la Croix. Alors prenons le temps d’écouter le Seigneur et n’ayons pas peur de dire : « Je crois ».
Cet acte de foi conduit à la troisième étape qui nous introduit dans le cœur du Seigneur Jésus. En effet, nous voyons Jésus pleurer auprès du tombeau de son ami Lazare, prier le Père afin que la foule croie en lui, et appeler Lazare à la vie. Nous sommes face au mystère de la Passion du Seigneur. Jésus pleure sur l’humanité pécheresse qui va à la mort. Jésus s’offre au Père pour donner la vie à l’humanité. « Vraiment cet homme était le fils de Dieu », dira le Centurion au pied de la Croix. Plongés dans le cœur de Jésus, duquel jaillit du sang et de l’eau, nous sommes invités à descendre nous aussi dans le fond de notre cœur afin d’accueillir ces mots de Jésus : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ». Cette Gloire de Dieu nous la voyons dans chaque Eucharistie lorsque le Fils de l’homme est élevé de terre.
Chers frères et sœurs bien-aimés, cet évangile nous conduit au cœur du cheminement de la révélation pleinement assumée et accomplie en Jésus-Christ. C’est également le cheminement de notre foi, le cheminement de notre grâce baptismale, le cheminement de notre vie chrétienne. Alors que les fêtes Pascales approchent à grand pas, prenons le temps de revivre ce cheminement de foi afin de grandir dans une union toujours plus grande avec le Christ mort et ressuscité. Ainsi que l’écrit le Pape Benoît XVI : « La communion avec le Christ, en cette vie, nous prépare à franchir l’obstacle de la mort pour vivre éternellement en Lui. La foi en la résurrection des morts et l’espérance en la vie éternelle ouvrent notre intelligence au sens ultime de notre existence : Dieu a créé l’homme pour la résurrection et la vie ; cette vérité confère une dimension authentique et définitive à l’histoire humaine, à l’existence personnelle, à la vie sociale, à la culture, à la politique, à l’économie ».
Amen