Janvier 1936 - Mars 1937 : Découverte du ministère
Le vicariat de Nantua présente de nombreux avantages pour l’Abbé Gay qui faisait ses premiers pas dans le ministère. En effet, il se trouvait sous la houlette d’un bon curé : Monsieur le Chanoine Barbet, prêtre de grand mérite, qui jouissait de l’estime affectueuse de tous ses confrères. De plus son âge de 73 ans lui permettait d’avoir une grande expérience et le rendait plus paternel. À cette époque, il y avait également un autre vicaire, depuis dix ans déjà en fonction dans la paroisse. Ainsi, n’ayant pas la responsabilité des œuvres paroissiales, il pourrait s’initier progressivement aux différentes besognes du ministère. Il avait à assurer spécialement le service d’une annexe de la paroisse de Nantua : la paroisse des Neyrolles, située à trois kilomètres de la ville.
Durant cette période, l’Abbé Gay prendra le temps de l’observation et de la réflexion qui prépare son ministère pastoral et son action directe sur les âmes. « Entre le recueillement du séminaire et la pleine activité du prêtre dévoré par ses œuvres, il connaît ainsi une transition très bienfaisante. Volontiers, il accepte de demeurer au second plan, trop délicat pour enlever à son confrère la direction des diverses activités de la paroisse, trop défiant de lui aussi pour s’imposer. »
Mars 1937 - Septembre 1939 : Premier vicaire de Nantua
En mars 1937, le premier vicaire s’en va et il devient lui-même premier vicaire de Nantua. À partir de ce moment là, il manifeste sa propre personnalité et il ne craint pas de laisser libre cours à son zèle et son esprit d’initiative. De plus, il initie son jeune confrère qui est envoyé à Nantua pour seconder le curé.
« En mars 1939, les circonstances vont l’amener à prendre pour lui la plus lourde part des responsabilités de la paroisse. À cette époque, Monsieur le Chanoine Barbet tombe gravement malade, atteint d’une tumeur à la face.
Après un séjour dans une clinique de Lyon, il doit revenir à Nantua sans être opéré et sans grand espoir de guérir. C’est alors que l’Abbé Gay, dans son affection délicate pour son curé, s’oppose à son entrée à l’hôpital de la ville. Monsieur le Curé sera soigné au presbytère et, pendant les longs mois que durera sa maladie, son vicaire sera toujours prêt à lui rendre tous les soins que nécessite son état de santé. » Dieu préparait son cœur à la mission qui sera la sienne lors de sa déportation.
Sa délicatesse ira jusqu’à faire en sorte que le Chanoine Barbet considérera que c’est toujours lui qui dirige la paroisse. Ainsi, aucune décision importante n’est prise sans le conseil et la permission de Monsieur le Curé. Mais ce dernier ne fait pas longtemps illusion sur le rôle que joue son vicaire dans l’administration de la paroisse.
« Le décès de Monsieur le Chanoine Barbet survient le 3 septembre 1939, au moment même de la mobilisation. (...) L’Abbé Gay saura organiser à la perfection des funérailles dignes d’un pasteur qui, trente ans durant, a veillé sur Nantua avec sa bonté et son sourire légendaire. »
Septembre 1939 - 14 décembre 1943 : Avec Monsieur le Chanoine Poncet
Connaissant bien la paroisse et n’étant pas mobilisable, l’Abbé Gay saura accueillir et faciliter les débuts du ministère de Monsieur le Chanoine Poncet qui deviendra le nouvel archiprêtre de Nantua.
Alors qu’il a pratiquement fait fonction de curé, il sait très simplement reprendre sa place de vicaire et s’efface volontiers devant le nouveau pasteur, car il sait qu’il n’a charge d’âmes qu’à titre d’auxiliaire. Ainsi, lorsqu’il lui est demandé de sacrifier ses vues, il répond : « Décidez vous-même, Monsieur le Curé. Je n’ai pas de préférence. »
« C’est ainsi que, quatre années durant, l’Abbé Gay sera pour Monsieur le Chanoine Poncet le plus dévoué des vicaires, jusqu’au jour fatal du 14 décembre 1943. »