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      Commémoration de la rafle de Nantua

Commémoration de la rafle de Nantua

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14 décembre 2019 - 9h45 - parvis de l’abbatiale de Nantua


Le 14 décembre 2019, nous commémorerons les 76 ans de la rafle de Nantua, en en présence des autorités civiles et religieuses de Nantua.
Ce sera l’occasion de nous attarder sur la personne de l’abbé Gabriel Gay, vicaire de Nantua, qui offrit sa vie pour ses fidèles.


Gabriel Gay nait à Rambert en Bugey le 13 juillet 1911.
Il entre au séminaire de Belley à l’âge de 19 ans avant d’être ordonné prêtre à 24 ans, en 1935.
En janvier 1936, il est nommé vicaire à Nantua, spécialement au service de la paroisse annexe des Neyrolles.
Il consacre beaucoup de son temps à la jeunesse, au travers de mouvements comme le scoutisme et l’accompagnement des enfants du collègue de Nantua.
L’abbé Gay vit la charité en actes : il se donne avec dévouement auprès de ceux qui souffrent et visite avec le sourire les personnes résidant à l’hospice de Nantua.
Il donne le peu qu’il a. Ainsi, il distribue sa ration de charbon et son argent personnel dans le but de venir en aide à ceux quisont dans le besoin.

Le 14 décembre 1943, alors qu’il a connaissance des événements tragiques se déroulant à Nantua, l’abbé doit se rendre aux Neyrolles dans l’après-midi pour son catéchisme : est-ce bien prudent de partir ? Il se met tout de même en chemin, mais n’ira pas plus loin que les dernières maisons de la ville.
On peut raisonnablement supposer qu’une heure plus tard l’Abbé se serait rendu sans encombre aux Neyrolles, le nombre des otages prévu par les Allemands se trouvant atteint. Mais lui-même devait aussitôt comprendre la portée de son arrestation. Dans un petit mot qu’il griffonne pour son curé, en quittant Nantua, après s’être excusé de n’avoir pas suivi son conseil de ne pas quitter a cure, il ajoute : "A quelque chose, imprudence est bonne : le vicaire suit son troupeau."

« De fait, écrit l’un des prisonniers, ce fut pour nous, qui étions enfermés déjà dans les wagons, une vraie stupeur, mais en même temps un profond réconfort, de le voir arriver parmi nous ».
Lorsqu’en gare de Bourg-en-Bresse, 40 prisonniers parviennent à s’enfuir, l’abbé, lui, reste, va de l’un à l’autre, offrant l’absolution à ceux qui la désirent.
L’Abbé Gay a-t-il envisagé de s’évader ? Il semble que non. Il est prêtre : dès ce moment, il comprend qu’il a charge d’âmes. Le bon pasteur ne quitte pas son troupeau. Son devoir est de demeurer au milieu de ses compagnons d’infortune !

Le 22 janvier 1944, l’abbé Gay part pour l’Allemagne avec tous ses paroissiens prisonniers. Il se démène pour réconforter spirituellement et matériellement ses camarades d’infortune.
A l’aube, l’Abbé accompagnera jusqu’à la mort un homme d’une soixantaine d’année qui a été piétiné toute la nuit.

Le lundi 24 janvier, le convoi entre en gare de Buchenwald.
« A mesure que nous descendons, écrit l’un de ses compagnons, les blessés sont achevés d’une balle dans la nuque. On nous fait former en colonnes pour prendre la direction du camp. Les chiens poursuivent les traînards et labourent leurs jambes de cruelles morsures.
L’Abbé demeure près de ses paroissiens ; pour l’un d’entre eux, il organisera même une petite cérémonie funèbre, alors que pour ce simple geste il risquait la pendaison ! »

Les prisonniers partent alors pour le camp de Flossenburg. Et c’est le 24 février, habillé du fameux pyjama rayé, que l’abbé Gay arriva à cette nouvelle étape de son chemin de croix. Comme tous les autres, il y est accueilli par cette formule : « Ici, pas de malades : il n’y a que des morts ou des vivants ».
Dès le lendemain de leur arrivée, on leur fait remplir des fiches individuelles. (…) Dans la longue file des bagnards, l’Abbé se présente, décline ses nom, prénoms, date de naissance. A la question : "Profession ?" il répond fermement : "Prêtre ! – Malheureux, rétorque l’interprète, ne dis pas cela tu vas te faire zigouiller. Je vais mettre : jardinier, par exemple. – Non, reprend l’Abbé. Je ne veux pas. Je ne dois pas avoir peur de montrer que je suis prêtre ; inscris prêtre".

Le 2 mars 1944, l’abbé Gay et sept autres nantuatiens, dont un seul reviendra ,partent pour Hradischko en Tchekoslovaquie. C’est un camp de travail : 12 heures par jour et par tous les temps pour des chantiers de terrassements. Les conditions sont exécrables, inhumaines ; chacun tâche de survivre comme il le peut.

C’est dans ce camp, que l’abbé Gay exercera son ministère avec charité et courage jusqu’au bout.
Il est le seul prêtre. Il se sent chargé d’une mission toute spéciale auprès de ces bagnards. Dans la foi, il l’accepte et l’accomplira sans faiblir. Il considère le camp comme sa paroisse car il en est certain, le Christ l’a envoyé là pour être le « pasteur » de ces brebis abandonnées des hommes.
L’abbé étonne par sa maîtrise de lui-même, son sourire inaltérable, son calme. « Jamais, dit un témoin, je ne l’ai entendu se plaindre face aux privations, face à la faim qu’il ressentait comme les autres, sous les coups qu’il recevait peut-être plus que les autres. Sa force de caractère les étonne tous. Il faisait face, continue ce même témoin, poussant tranquillement sa brouette, s’arrêtant pour parler. Il a parfois porté plainte pour faire cesser les injustices. Il allait jusqu’à donner une partie de son pain à des malades. Reconnu par ses ennemis eux-mêmes, son intrépidité fut un grand exemple pour ses camarades. Grâce à cette fermeté, l’abbé réussit à tenir physiquement beaucoup mieux que sa faiblesse de constitution ne le laissait espérer. »
Il priait pour les uns, les autres. « Voyez-vous mes amis, ce matin je me suis uni à toutes les messes qui se disent dans le monde. » disait-il. Il invitait aussi à se rassembler clandestinement afin de se tourner ensemble vers le Seigneur.
Plein d’Espérance, il pensait aussi à l’avenir, disant à ses amis ce qu’il ferait dans l’église dont il espérait un jour avoir la charge.

Avril 1945 arrive, cela fait un an que les nantuatiens sont au camp de Hradischko et l’heure de l’ultime témoignage approche.
L’abbé Gay confie ses dernières volontés à un prisonnier séminariste. Il le charge de saluer sa famille, ses paroissiens de Nantua, son évêque. Il lui dit : « Tu leur diras que j’ai toujours pensé à eux. Ce soir ressemble un peu au jeudi Saint. C’est le moment de dire : Père, que ce calice s’éloigne de moi. Cependant que votre volonté soit faite ! »

Le 11 avril, sur le chemin du travail, une rafale éclate, les sentinelles vident leur chargeur. Une vingtaine de morts restent sur le terrain. Un ordre est donné : « debout ! »
L’abbé est blessé, marche difficilement, il a perdu ses lunettes. Il passe près d’un camarade qui lui propose discrètement de le cacher ; il refuse, disant que les SS l’auront vite repéré et que tous deux seraient fusillés. « Que la volonté de Dieu soit faite » dit-il. Quelques instants plus tard, des coups de feu épars indiquent les coups de grâce. Il est environ 9h. du matin.

« Si ma pauvre vie est nécessaire pour faire cesser ces massacres, je l’offre volontiers. » Ces paroles de l’abbé, dites le premier jour des tueries de Hradischko s’accomplirent à la lettre. Moins d’une heure après la sauvage exécution, arrive un ordre du commandant de la place interdisant de tirer sur les prisonniers.
« Sa mort fut un grand vide, écrit l’un de ses amis, nous nous sommes brusquement aperçus dés les premières heures que quelque-chose d’indispensable nous manquait, quelque-chose où plus exactement quelqu’un. »
« Ma dernière vision de lui, dit un témoin, fut un corps disloqué par les rafales de mitraillettes et pourtant son regard restait doux. Je reste persuadé que cette sérénité venait des prières qu’il adressait à Dieu, pour le pardon de ses bourreaux. »

10 ans avant sa mort, l’abbé Gay écrivait :

QUE VAIS-JE DONNER ?
Moi tout entier. Mon cœur, qui ne devra plus aimer que Dieu et les autres par Dieu seulement. Ma volonté, qui ne devra rechercher que Dieu, ne vouloir que ce que Dieu veut. Mon intelligence, qui devra se consacrer à découvrir les choses de Dieu, de la foi. Mon corps, que je consacre par la chasteté, et toutes mes énergies, qui ne devront plus servir qu’à la gloire de Dieu

En savoir plus

Vous trouverez l’histoire détaillée de l’abbé Gabriel Gay en cliquant sur les rubriques situées à gauche de cette page.

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