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        Portrait de Sainte Jeanne Jugan

Portrait de Sainte Jeanne Jugan

L’œuvre connaît un développement rapide et surprenant. Certainement parce que cela répondait à un grand besoin de l’époque. En effet, il n’existait rien alors dans la société pour les vieillards sans ressources. Pas de pensions, pas de sécurité sociale, pas de maison de retraite.


De la mansarde à l’Académie française : le prix Montyon

Si elle nous révèle quelque chose concernant la dignité de la personne, l’intuition de Jeanne était véritablement prophétique. Il ne s’agissait pas seulement de loger et de nourrir les personnes âgées pauvres, mais plus encore de leur apporter respect, considération, amour. « N’oubliez pas que le pauvre c’est notre Seigneur » a-t-elle pu dire aux novices.

Sitôt connue, l’œuvre fut applaudie en haut lieu. Le 11 décembre 1845, l’Académie française décerne à Jeanne le prix Montyon. Sous la coupole, devant un illustre auditoire où figurent Chateaubriand, Victor Hugo, Lamartine, Thiers, Guizot… Monsieur André Dupin fait un vibrant éloge de Jeanne. Il conclut ainsi son discours : « Comment Jeanne a-t-elle pu suffire à tant de dépense ? Que vous dirais-je, messieurs ? La Providence est grande. Jeanne a les prières ; Jeanne a les larmes ; Jeanne a le travail ; Jeanne a son panier qu’elle emporte sans cesse à son bras et qu’elle rapporte toujours plein. Sainte fille ! L’Académie dépose dans ce panier la somme dont elle peut disposer : elle vous décerne un prix de trois mille francs ! »

La presse se fit aussitôt l’écho de cet hommage. La loge maçonnique elle-même se joignit à la louange. En 1848, Louis Veuillot publiera un long article, dans L’Univers, sur l’œuvre de Jeanne.

Jeanne se rendit compte que cet événement pouvait lui rendre service. Aussi, là où elle irait quêter, elle emportait, comme elle disait la brochure à l’Académie, et ce serait pour elle une recommandation efficace. Elle allait l’utiliser, de fait, au cours de ses quêtes sur de nouveaux terrains : Rennes, Dinan, Tours, Angers et bien d’autres villes en France.

« Je me crus en présence d’un être supérieur »

Au début Août 1846, un touriste anglais, attiré par la réputation de Jeanne, vint la visiter à Dinan alors qu’elle venait de s’installer dans une vieille tour abandonnée, près de la porte de Brest. Impressionné, il écrit :

« Il fallait, pour approcher de l’appartement qu’elles occupaient, gravir un escalier tournant et difficile ; l’étage en était bas, les murs nus et rudes, les fenêtres petites et grillées, de sorte qu’on se croyait dans une caverne ou dans une prison ; mais ce triste aspect était un peu égayé par la lueur du feu et par l’air de contentement des habitants de ce lieu (…).

« Jeanne nous reçut d’un air bienveillant (…). Elle était simplement mais proprement vêtue d’une robe noire, d’un bonnet et d’un mouchoir blancs ; c’est le costume adopté par la communauté. Elle paraît avoir près de 50 ans, sa taille est moyenne, son teint bruni, et elle semble usée, mais sa physionomie est sereine et pleine de bonté ; on n’y remarque pas le plus petit symptôme de prétention ou d’amour-propre. (…)

« Elle ne savait pas un jour, dit-elle, d’où lui viendraient les provisions du lendemain, mais elle persévérait, avec la ferme persuasion que Dieu n’abandonnerait jamais les pauvres, et elle agissait d’après ce principe certain : que tout ce que l’on fait pour eux, on le fait pour Notre Seigneur Jésus-Christ.

« Je lui demandais comment elle pouvait distinguer ceux qui méritaient vraiment d’être secourus ; elle me répondit qu’elle recevait ceux qui s’adressait à elle et paraissaient les plus dénués ; qu’elle commençait par les vieillards et les infirmes comme étant les plus nécessiteux, et qu’elle s’informait chez leur voisins de leur caractère, de leurs ressources, etc.

« Pour ne pas laisser dans l’oisiveté ceux qui pouvaient encore s’occuper à quelque chose, elle leur faisait effilocher et carder de vieux morceaux d’étoffe, puis filer la laine qu’ils en retiraient ; ils arrivaient ainsi à gagner six liards par jour…

« Je lui ai dit qu’après avoir parcouru la France, elle devrait venir en Angleterre nous apprendre à soigner nos pauvres ; elle me répondit que, Dieu aidant, elle irait si on l’y invitait.

« Il y a dans cette femme quelque chose de si calme et de si saint qu’en la voyant, je me crus en la présence d’un être supérieur, et ses paroles allaient tellement à mon cœur que mes yeux, je ne sais pourquoi se remplir de larmes.

« Telle est Jeanne Jugan, l’amie des pauvres de la Bretagne, et sa seule vue suffirait pour compenser les horreurs d’un jour et d’une nuit sur une mer houleuse. »

Ce portrait exprime bien la vérité de qui est l’humble servante des pauvres vieillards. [1]

Notes

[1Deux ouvrages animent cette présentation de la vie de Sainte Jeanne Jugan. Eloi Leclerc, Sainte Jeanne Jugan - Tendresse de Dieu pour la Terre, DDB, p. 20-22. Paul Milcent, Jeanne Jugan - Fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, p. 33-37

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