En bord de mer…
C’est en Bretagne, à Cancale, que la petite Jeanne vit le jour le 25 octobre 1792.
Cancale est un port de pêche sur la Manche qui devait compter à cette époque un peu plus de trois mille habitants. La majorité de la population vivait de la mer. On pêchait des huitres et des petits poissons. Certains gros bateaux de pêche partaient à la morue sur les bancs de Terre Neuve.
Le père de Jeanne était marin. Il n’était pas là lors de sa naissance étant lui-même parti pour la grande pêche dont il rentra en novembre 1792 après sensiblement six mois d’absence.
… une pauvre chaumière
La maison natale de Jeanne est une petite maison basse au toit de chaume, au sol de terre battue. Cette humble chaumière est située dans au hameau des Petites Croix, sur les hauteurs, au milieu des champs, non loin du Bourg de Cancale. La famille de Jeanne est pauvre mais fière et fidèle.
« Jeanne grandit, jouant et riant u milieu des enfants de son âge. Mais elle connaît de bonne heure la tristesse et la souffrance. Quatre de ses frères et sœurs (la famille comptait huit enfants) meurent en bas âge. En 1796 le papa, de nouveau en mer, ne revient pas. Il ne reviendra jamais. » Il faut tout de même nourrir toute la famille. Alors la maman va faire des ménages et des lessives. Jeanne, elle, mène paître les vaches sur les hauteurs qui dominent la baie du Mont Saint-Michel.
Une vie de foi s’éveille
Jeanne naquit en pleine Révolution française avec son cortège de terreur et persécution. Ce n’est qu’en 1802 que l’église paroissiale de Cancale, fermée et transformée en magasin à fourrage, est rendue au culte. Jeanne a 10 ans.
En fait, comme beaucoup d’enfants de cette époque, Jeanne a été catéchisée en secret par sa maman, qui lui a appris à prier, et des personnes du voisinage membres d’un Tiers Ordre fondé par saint Jean Eudes au XVIIème siècle.
On peut penser que ces moments de solitude, alors qu’elle gardait les vaches, lui ont donné le goût de la prière silencieuse et de la contemplation. Peu à peu, Dieu façonnait le cœur de Jeanne.
La date de la première communion de Jeanne ne nous est pas connue.
La Mettrie-aux-Chouettes
Vers l’âge de 15 ou 16 ans, Jeanne est placée comme aide-cuisinière à La Mettrie-aux-Chouettes, proche de Cancale. « Il semble que madame de la Chouë l’accueillit affectueusement et l’entoura de sympathie. Au fil des années, elle lui voua même une grande admiration.
Car Jeanne ne fut pas seulement employée à a cuisine : elle fut associée au service des pauvre. Elle alla visiter des familles indigentes, des vieillards isolés. Elle apprenait, déjà, la partage, le respect, la tendresse et combien il faut de délicatesse pour ne pas humilier ceux qui ont besoin d’être aidés. »
En ouvrant son cœur afin de la rendre disponible aux pauvres, Dieu conduisait la vie de Jeanne vers sa grande mission à leur service.
« Dieu me veut pour lui »
En 1816, Jeanne a 24 ans. C’est une belle jeune fille pleine de caractère et ayant un grand cœur. Un jeune marin veut l’épouser, mais Jeanne décline sa demande.
Pourquoi ? Nul ne le sait, mais un jour elle dit à sa mère : « Dieu me veut pour lui. Il me garde pour une œuvre qui n’est pas connue, pour une œuvre qui n’est pas encore fondée ». [1]