Oui, Jésus nous aime jusque-là, jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême. « Ma vie nul ne la prend, mais c’est moi qui la donne ». Et, chacun d’entre nous, nous sommes appelés à entrer dans cette heure afin d’accueillir et de vivre de cet amour de Jésus.
Au Cénacle, comment Jésus va-t-il manifester cet amour ? Deux événements essentiels : le lavement des pieds et le don de l’Eucharistie. Ces deux événements sont unis ensemble par ces mots de Jésus : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». « Faites cela en mémoire de moi », dit le Seigneur. Il y a donc un lien intime entre ces deux gestes qu’accomplit le Seigneur.
Dans le lavement des pieds, Jésus se met à genoux et prend dans ses mains le corps de ses disciples. Il se met à leur service pour les envoyer en mission. Certes, ils ne comprennent pas tout, et d’ailleurs Pierre en est un merveilleux exemple, mais ils sont généreux et ils accueillent dans la confiance ce que fait Jésus. Dans l’Eucharistie, Jésus met son corps entre nos mains. Le Seigneur nous invite ainsi à nous mettre à son service pour qu’il puisse accomplir sa mission de salut non seulement en nous mais également par nous dans le monde. Il est certain que nous ne saisissons pas tout dans la réalité mystérieuse de l’Eucharistie, mais généreusement accueillons le Seigneur d’une manière à chaque fois renouvelée, « pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde ».
Chers frères et sœurs, quels sentiments peuvent nous animer aujourd’hui ? Quelle expérience de foi pouvons-nous faire ?
Tout d’abord, à la suite du psalmiste, soyons dans la joie et l’action de grâce. « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur ». En effet, Jésus nous témoigne sa confiance et son amour en nous prenant en main et en nous donnant son corps livré pour nous. C’est le don de la communion avec lui et les uns avec les autres. Nous ne pourrons répondre pleinement à ce don que par le don de nous-même, de notre temps, de notre prière. Alors, en accueillant ce don de Jésus, soyons dans la joie et l’action de grâce car nous sommes appelés à faire l’expérience d’une communion intime et profonde avec Jésus. « Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce, j’invoquerai le nom du Seigneur ».
Mais il y a aussi une certaine gravité dans cet événement du cénacle. C’est la gravité de la vérité pleinement révélée. Oui, au Cénacle, Jésus introduit ses apôtres dans la profondeur de la vérité. Et cette vérité, c’est lui-même, Jésus. Et cette vérité rend libre. Et cette vérité accueillie et célébrée conduit à la communion des hommes entre eux et avec Dieu. Cette vérité est célébrée dans l’Eucharistie que Jésus confie à ses Apôtres pour qu’ils la transmettent comme d’authentique serviteur. « Moi, Paul, je vous ai transmis ce que j’ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur ». « Faites cela en mémoire de moi », dit le Seigneur.
Nous pouvons voir enfin dans le Cénacle le lieu où Jésus confie à ses Apôtres une mission particulière, que nous sommes appelés à continuer encore aujourd’hui. Par le don de l’Eucharistie, Jésus veut constituer un corps, l’Église, dont le service dans l’amour sera la règle de vie pour tous. Et par cette communion nous serons missionnaires dans un monde qui en a tant besoin : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13,35). Oui, si le pain de vie est partagé, si la Parole de Dieu circule entre tous, si le témoignage de la charité chrétienne est rendu dans la joie, si le pardon des offenses est pratiqué… alors la communauté devient un signe évangélique planté au cœur de notre monde qui meurt.
Chers frères et sœurs bien-aimés, faisons aujourd’hui l’expérience de foi de cette présence de Jésus serviteur qui se met entre nos mains pour nous puissions porter au monde la Parole de Vie, pour nous puissions nourrir le monde du Pain de Vie, pour nous puissions donner au monde le Christ source de la Vie.
Amen