On a comme cette sensation que toute la violence humaine se focalise sur la Personne du Christ. Violence verbale, violence physique, violence due aux mensonges, oui toute cette violence humaine que nous voyons encore aujourd’hui est récapitulée dans la chair du Christ. D’ailleurs, le prophète Isaïe l’avait annoncé, nous venons de l’entendre : « Pourtant, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé ».
Or cette souffrance infligée au Christ dure encore aujourd’hui. Elle se manifeste par le péché de l’homme, donc notre propre péché, mais également par le péché contre l’homme. « C’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé », avait Isaïe. Cette souffrance qui s’abat sur le Seigneur se manifeste aussi à l’endroit de l’Église qui est son corps. Osons regarder la manière dont à travers les siècles et encore maintenant, l’Église endure les calomnies et les crachats, les moqueries et l’incompréhension, les dérisions et les caricatures. Tout cela touche le visage du Christ, le Corps du Christ. Mais, Jésus est également torturé à travers les membres eux-mêmes de l’Église. Pensons simplement à tous nos frères chrétiens qui sont martyrisés à travers le monde et tout particulièrement au Moyen Orient.
En voyant tout cela, on pourrait baisser les bras et désespérer. Jésus a certainement vécu cela. Il est allé jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême. Seul sur la croix, homme des douleurs, Jésus est abandonné de tous. Non seulement il a souffert pour les autres, mais il a également souffert par les autres. Mais Jésus est resté fidèle au Père et par son sacrifice, il nous apporte la paix. « Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. Mais, s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours : par lui s’accomplira la volonté du Seigneur ».
Chers frères et sœurs, au milieu de toute cette souffrance, il y a un cri déchirant du Seigneur en croix : « J’ai soif ! » Ce cri est compréhensible alors que Jésus est agonisant. Ce cri est physiquement légitime après tout ce qu’il venait d’endurer. Mais ce cri est aussi celui d’un cœur qui aime et qui appelle une réponse d’amour. Quelle est-elle cette réponse ? « Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche ». « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu’ils ont pour moi dans ce sacrement d’amour », dira Jésus à sainte Marguerite Marie.
Mais ce cri de Jésus en croix est aussi celui de l’humanité entière qui se déshumanise dans et par la violence. Oui, l’homme a soif d’amour, il a soif d’aimer et d’être aimé. Ne sachant comment faire, souvent il part vers de fausses compensations qui souvent se terminent dans la violence. L’homme attend d’une manière bien inconsciente que nous lui apportions la réponse d’amour du Seigneur.
Alors, chers frères et sœurs bien-aimés, que faire ? Que dire ? « En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ; garde-moi d’être humilié pour toujours. En tes mains je remets mon esprit ; tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité », chante le psalmiste. Oui, aujourd’hui, alors que nous nous approchons de la croix du Sauveur, enracinons-nous toujours plus profondément dans la foi. Osons nous donner à Jésus comme il se donne au Père pour nous. Car le Seigneur fait jaillir de ses plaies la grâce qui transforme toutes blessures en sources de paix et de vie.
Amen.