« ″La parole du seigneur demeure pour toujours. Or cette Parole, c’est l’Évangile qui vous a été annoncé″ (1 P 1, 25 ; cf. Is 40, 8). Avec cette expression de la première Lettre de saint Pierre, qui reprend les paroles du prophète Isaïe, nous sommes placés face au Mystère de Dieu qui se communique lui-même par le don de sa Parole. Cette Parole, qui demeure pour toujours, est entrée dans le temps. Dieu a prononcé sa Parole éternelle de façon humaine ; son Verbe ″s’est fait chair″ (Jn 1, 14). C’est cela la Bonne Nouvelle. C’est l’annonce qui traverse les siècles, pour arriver jusqu’à nous aujourd’hui. » Ainsi s’exprime le Pape Benoît XVI au tout début de l’exhortation apostolique Verbum Domini sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église.
Cette introduction du Saint Père prend toute sa force alors que nous entendons ces versets de l’Écriture nous parlant tant de la fécondité de la Parole que l’importance du terrain pour qu’elle porte du fruit. En effet, après avoir pris l’image de la pluie et de la neige qui permet à la terre de porter du fruit, le prophète Isaïe nous le dit très clairement : « Ainsi, ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission ». Oui, il y a une véritable efficacité de la Parole de Dieu dans nos vies, dans le cœur de celui qui l’entend et la fait descendre au plus intime de lui-même. Elle vient transformer les vies de ceux qui veulent bien l’accueillir.
Éclairée par la Parole de Dieu, éclairée par le fait que Dieu se communique à l’humanité dans sa Parole, éclairée par la présence de la Parole qui a pris chair de notre chair en la personne du Christ Jésus, l’Église est experte en humanité, suivant la magnifique expression du Pape Paul VI. Il en découle que l’Église ose prendre la parole sur des sujets de société, dans le domaine éthique, pour le service d’un authentique humanisme. Et nous le voyons bien souvent, cette Parole dérange puisque ce que ce que l’Église dit ne vient pas d’elle-même mais de Dieu qui a prononcé sa Parole que l’Église a accueilli et transmis aux hommes créés par le « Verbe ».
Chers frères et sœurs, la Parole de Dieu n’est pas étrangère à l’homme et vient agir en nos cœurs. Comme l’écrit Benoît XVI : « Là où l’homme, même fragile et pécheur, s’ouvre sincèrement à la rencontre avec le Christ, là commence une transformation radicale. (…) Cela marque le début d’une nouvelle création. Naît alors la créature nouvelle, ainsi qu’un peuple nouveau » (n° 50). Au travers cette belle parabole du semeur, le Seigneur Jésus vient nous montrer les divers états qui peuvent traverser nos vies. Oui nous pouvons entendre la Parole avec joie mais nous laisser en même temps prendre par l’esprit du monde ou par nos préoccupations éventuelles, certainement tout à fait légitimes. Et pourtant, cette Parole peut porter du fruit « à raison de cent, ou soixante, ou trente pour un », nous dit l’évangile.
Souvent, je me demande : « Mais quelle était la préoccupation de la Vierge Marie au moment de l’Annonciation ? » Comme toute fille d’Israël elle attendait le Messie et cherchait à vivre l’Alliance. Fiancée à Joseph, un homme juste, elle voulait se préparer et préparer l’avenir de son futur foyer. Et voilà que la Parole lui est adressée : « Veux-tu être la Mère du Sauveur ? » Cette question la bouleverse et l’invite à répondre dans la Foi : « Qu’il me soit fait selon ta Parole ». Et, nous le savons, Marie aura à cheminer dans la Foi. Il arrivera même que ce cheminement soit douloureux et difficile.
Certes, nous ne sommes pas la Vierge Marie, mais elle est notre Mère et donc elle nous montre comment vivre le cheminement de Foi auquel nous sommes concrètement appelés en entendant la Parole de Dieu. Ce cheminement prend toute notre vie. Ce cheminement est appelé à être nourri des sacrements, de la prière. Ce cheminement doit transformer nos rapports avec nos frères en nous donnant d’être porteur d’Amour et de Miséricorde, de Chaleur et d’Humanité, de Douceur et de Paix.
Chers frères et sœur bien-aimés, faisons notre le désir du Saint Père : « Que chacune de nos journées soit donc façonnée par la rencontre renouvelée du Christ, le Verbe du Père fait chair : il est à l’origine et à la fin et ″tout subsiste en lui″ (Col 1, 17). Faisons silence pour écouter la Parole du Seigneur et pour la méditer, afin que, par l’action efficace de l’Esprit Saint, elle continue à demeurer, à vivre et à nous parler tous les jours de notre vie. De cette façon, l’Église se renouvelle et rajeunit grâce à la Parole du Seigneur qui demeure éternellement (cf. 1 P 1, 25 ; Is 40, 8). Ainsi, nous pourrons nous aussi entrer dans le grand dialogue nuptial par lequel se clôt l’Écriture Sainte : ″L’Esprit et l’Épouse disent : ‘Viens !’ […] Celui qui témoigne de tout cela déclare : ‘Oui, je viens sans tarder.’ – Amen ! Viens, Seigneur Jésus !″ (Ap 22, 17.20) » (n° 124).