Tout d’abord, Jésus désire être seul. L’évangile est très précis : « Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l’écart ». En ce temps de vacances, ce désir du Seigneur résonne d’une manière particulière. Profitons des vacances pour prendre du temps seul face à nous-même. C’est nécessaire pour rencontrer Dieu, pour nous retrouver nous-même et pour accueillir nos frères. Comment puis-je redire « oui » à mon conjoint, à mes amis, pour les services qui sont les miens au cœur de l’Église ou cœur de la vie sociale, si je ne prends pas le temps de regarder où j’en suis dans la solitude d’un cœur à cœur avec moi-même et avec Dieu ! N’ayons pas peur de ces moments où le bruit s’arrête, où nous nous posons simplement, humblement, réellement !
Malheureusement pour Jésus, ce temps de solitude sera de courte durée. « Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied. En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de pitié envers eux et guérit les infirmes ». Loin de s’en offusquer ou de fuir, Jésus se laisse toucher. Son cœur est bouleversé. Il fait œuvre de miséricorde : il guérit, il enseigne, il nourrit. Et il le fait avec surabondance et d’une manière pédagogique pour ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
Chers frères et sœurs, que nous dit le Seigneur aujourd’hui au travers de cet épisode ?
Jésus guérit. Le Christ est le Rédempteur de l’homme qui le rétablit dans sa dignité d’homme. Il véritablement le sauveur que l’homme est appelé à chercher et à accueillir. De nos jours, il est fondamental de le rappeler. En effet, l’homme pense pouvoir tout faire de lui-même. On fait des plans pour sauver les finances, la planète, le climat. Cela est important. Mais ne faudrait-il pas en premier lieu sauver l’homme de lui-même ? Ne devrait-il pas accepter d’accueillir la Sagesse éternelle de Dieu ? Notre époque a vraiment besoin d’une conversion profonde qui sera un véritable retournement vers le sens de Dieu afin de mieux comprendre le sens de l’homme.
Jésus enseigne. Dans un monde où l’émotivité prend le dessus, la raison n’arrive plus à remplir sa mission pour permettre à l’homme d’être lui-même. Mais à l’inverse, la haute technicité empêche souvent l’homme d’exprimer la profondeur de ce qu’il porte et de transmettre d’une manière profonde ce qu’il est, ce qu’il vit. On assiste à une véritable déconstruction culturelle et donc une déconstruction de l’homme. Or, Jésus touche les cœurs parce qu’il est le Verbe de Dieu incarné. Il n’a pas peur de dire la vérité qui vient d’au-delà de lui-même puisqu’elle lui est donnée par le Père. Notre mission d’homme, notre mission de chrétien est de permettre à tout homme de chercher et d’accueillir la vérité d’une manière intérieure, profonde, constructive. La vie n’est pas un surf superficiel pendant lequel on s’éclate dans un bonheur éphémère ! La vie se construit, s’enracine sur des bases solides, construites, vraies. C’est la route d’un authentique bonheur.
Jésus nourrit. Pour vivre d’une manière épanouissante, l’homme a besoin de nourriture. Nourriture matérielle, l’actualité nous le rappelle avec force en ce moment ; nourriture spirituelle qui construit une nourriture culturelle. En apportant ce que l’on est et ce que l’on a, en le donnant avec confiance, Jésus permet à l’homme de s’épanouir et de vivre en lui donnant la nourriture dont il a besoin. Comme le dit le concile Vatican II : « L’homme s’accomplit par le désintéressé de lui-même ». Dans l’Eucharistie, nous vivons cette réalité du don. Jésus se donne et en même temps nous sommes appelés à nous donner à lui afin d’être vraiment rassasié par l’amour qui se donne.
Chers frères et sœurs bien-aimés, au travers de nombreuses mutations de ce monde, réapproprions-nous l’Évangile dont la culture européenne est pétrie. Nous serons alors des serviteurs de la vérité et, à la suite de Jésus, nous guérirons nos frères, nous leur transmettrons les repères nécessaires pour construire leur vie d’une humaine, nous leur donnerons la nourriture nécessaire qui soit à la hauteur de l’homme dans toutes ses dimensions.
Amen.