En effet, nous sommes invités à prier avec et pour nos frères et sœurs malades, avec et pour ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur cœur. En même temps, l’Église nous engage à prier avec et pour le personnel soignant afin que chacun se rappelle qu’il s’occupe avec respect d’une personne humaine et non d’un cas ou d’une situation. Nous sommes également appelés à prier avec et pour tous ceux qui s’engagent bénévolement dans le service d’Église auprès des malades, tous qui vivent gratuitement un moment de compassion auprès de ceux qui souffrent, tous ceux qui sont le signe de la présence du Cœur miséricordieux de Jésus auprès de nos frères et sœurs vulnérables du fait de la maladie. Mais de plus, l’Église nous encourage à nous interroger sur notre présence, sur notre engagement vraiment diaconal car de service des malades.
Se conjugue à cette journée de la santé, non seulement l’actualité législative de notre pays avec les révisions de la loi de bioéthique, mais également l’annonce médiatisée d’une soi-disante prouesse technique mais qui a conduit à la sélection d’embryon dans un but précis et donc à ouvert la porte à l’eugénisme. Après avoir appris cela, je suis inquiet, en tant qu’homme, en tant que citoyen !
Aussi, ce double événement, nous donne de méditer sur la réalité de la personne humaine dans toute sa grandeur et toute ses dimensions. Il s’agit en fait de retrouver le bon sens, tout en se laissant éclairer par l’Écriture Sainte, afin de dire qui est l’homme afin de discerner ce qui est respectueux de la vie humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle.
Il est clair et évident qu’il y a une double dimension dans l’homme : une dimension physique, corporelle, et une dimension spirituelle. La tendance est de séparer l’une de l’autre. La conséquence immédiate est qu’on peut faire ce que l’on veut avec et sur le corps de l’homme qui devient alors une boite à outil ou un lieu d’expérimentation. Or, l’évangile nous dit clairement aujourd’hui que la dimension intérieur, spirituel de l’homme est fondamentale et s’exprime dans et par la réalité extérieure, la réalité corporelle. « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme et la désire a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur. » On ne peut séparer l’un de l’autre car la personne est quoique complexe un être unifié. En d’autres termes, toucher au corps, c’est toucher à la personne !
Une autre dimension est importante pour comprendre le mystère de l’homme. La personne humaine existe pour elle-même, pour ce qu’elle est en elle-même. Le Concile Vatican II dira avec force : « l’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même » (Gaudium et Spes, n° 24). Il apparaît alors qu’on ne peut imposer à la personne humaine une destinée mais que nous devons l’aider à découvrir ce qu’elle est et ce à quoi elle est appelée. Il en résulte aussi que nous devons accueillir notre frère pour ce qu’il est en lui-même comme étant appelé au don et non pour l’utiliser à des fins personnelles ou scientifiques, aussi nobles soient-elles ! Écoutons encore Jésus dans l’évangile de ce dimanche : « Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » Chercher et se donner les moyens de vivre une authentique communion avec son frère, dans l’accueil et le don est essentiel pour permettre à l’homme d’être vrai, d’être pleinement lui-même. C’est une œuvre de miséricorde.
Alors, chers frères et sœurs, en ce jour prions. Oui prions pour que le monde de la santé soit véritablement un monde respectueux de la vie et de l’amour. Prions pour tous les acteurs, professionnels et bénévoles, qui font un travail admirable de dévouement, afin qu’ils ne deviennent pas de simple techniciens mais qu’ils soient acteurs d’une communion entre les personnes. Prions aussi pour ceux qui ont cette mission de légiférer afin que l’homme, dans la vérité de son être, soit toujours au cœur de leur préoccupation. Enfin, prions pour que nous soyons tous et chacun d’entre nous des acteurs de la construction d’une civilisation de la vie et de l’amour où la personne humaine sera pleinement au cœur des préoccupations, ainsi que nous le montre le Seigneur Jésus.
Amen.