Jésus est tout à fait étonnant pour ne pas dire totalement déroutant. La semaine dernière, il nous invitait à le suivre en prenant notre croix et en marchant à sa suite. Aujourd’hui, il nous engage à un détachement total pour entrer dans une vie radicalement nouvelle. Dans cet appel, le Seigneur lui-même nous donne l’exemple. « Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. » Qu’il est beau de voir le Christ se mettre en route pour aller vers Jérusalem où il va être enlever de ce monde ! Et nous savons que Jésus marche vers sa Passion révélation merveilleuse, sublime de son amour pour nous.
Notons une chose, qui me touche profondément. L’évangéliste insiste en disant que Jésus prend « avec courage la route vers Jérusalem ». Il y a dans cette expression le témoignage de la volonté profonde du Seigneur. Par ces mots, nous entrons dans le désir profond de Jésus : monter à Jérusalem quoiqu’il arrive. Par cette attitude, Jésus entre librement dans la volonté du Père. En ce sens, le Seigneur Jésus ne nous cache pas le fait que marcher à sa suite n’est pas facile. Il faut du courage ! En même temps, il y a une miséricorde qui s’exprime puisque Jésus est là avec nous.
Ce courage peut parfois nous manquer. Mais, Jésus est là ! Il ne nous abandonne pas ! Nous pouvons nous appuyer sur son courage pour qu’à notre tour nous nous mettions en marche sur le chemin escarpé de la vie à la suite de Jésus. Marcher à la suite de Jésus n’est pas une idée purement mystique ou spirituelle. Cela nous prend dans tout ce qui fait notre vie. C’est une route qui n’est pas celle de la facilité, mais c’est une route qui conduit sur le chemin du bonheur, de la joie, de la paix, car c’est la route de l’amour.
Alors, nous aussi avançons. Que nous dit le Seigneur en ce qui concerne les conditions de notre marche à sa suite ? Il nous invite à la radicalité. Plusieurs éléments sont à prendre en considération.
Dans un premier temps, chers frères et sœurs, il nous faut discerner ce que Dieu attend de nous et ne pas nous laisser manipuler par nos propres pulsions, nos propres désirs. En effet, si nous regardons la réaction de Jacques et Jean, il est clair qu’ils veulent laver l’affront fait à leur maître en détruisant le village des Samaritains. « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? » En soi l’intention n’est pas mauvaise mais s’ils l’avaient suivie, les disciples auraient accompli un acte répréhensible. Jésus ne désire pas cela, il veut un engagement qui soit profond et non une simple réaction extérieure. C’est ce qu’il précisera dans un deuxième temps par les trois petits dialogues qu’il aura avec différents interlocuteurs.
Deux éléments importants me touchent particulièrement dans ces dialogues :
Deux des trois protagonistes ont l’initiative. Ils se tournent vers le Seigneur en lui disant : « Je te suivrai partout où tu iras » ; ou encore : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison ». Le deuxième, c’est Jésus qui l’interpelle en deux mots : « Suis-moi ». Cela nous révèle le désir qui est dans le cœur de l’homme et qui rejoint le désir se trouvant dans le cœur de Jésus : aller ensemble sur le chemin qui mène au Père. Soyons attentifs aux désirs qui sont les nôtres. Regardons et discernons afin de voir s’ils nous donnent de grandir et d’avancer à la suite du Seigneur Jésus dans une recherche authentique de Dieu. Aidons nos frères à entendre cet appel et à savoir y répondre.
Il y a à chaque fois une radicalité qui est exprimée. « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête » ; « Laisse les morts enterrer leurs morts » ; « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu ». Mais remarquons qu’au milieu de cette radicalité, il y a une mission spécifique : « Toi, va annoncer le règne de Dieu ». La radicalité évangélique n’est pas pour elle-même mais elle est en vue de la mission, dans le but d’annoncer l’Évangile au monde. Ce qui doit nous motiver dans notre marche à la suite de Jésus, c’est l’amour, mais c’est également l’annonce du Royaume et c’est parce que nous annonçons le Royaume qu’alors notre vie suivant l’Évangile prend tout son sens. Il y a comme un appel mutuel entre ces deux dimensions de la vie chrétienne. Oui, l’Évangile est une Bonne Nouvelle qu’il nous faut annoncer mais que nous ne pouvons annoncer qu’en en vivant pleinement.
Chers frères et sœurs bien-aimés, écoutons la voix du Seigneur qui nous appelle à le suivre. Cet appel résonne au plus intime de nous-même et il nous est lancé par le Seigneur au cœur de l’Église. Alors, n’ayons pas peur de répondre avec courage afin d’être les témoins de l’Amour miséricordieux du Père.
Amen