Chers frères et sœurs, les versets de l’Évangile que nous venons d’entendre sont assez délicats. En effet, à la première lecture, on peut se dire que le Seigneur fait l’éloge de la tromperie et, à juste titre, cela nous dérange ! En effet, écoutons encore le Seigneur : « Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge : effectivement, il s’était montré habile, car les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière ». Mais, est-ce bien un éloge de la tromperie qui est présente dans ces mots ? Que veut nous dire le Seigneur Jésus aujourd’hui ?
Face à une telle question, il est bon de reprendre une lecture approfondie de l’évangile afin de ne pas rester sur une sorte d’impression mais d’accueillir la nourriture qui nous est transmise.
Le point de départ se trouve dans une distinction que fait le Seigneur. Jésus parle des « fils de ce monde » et des « fils de la lumière ». Deux choses importantes sont à dire.
Tout d’abord la réalité du monde nous donne de prendre conscience que la vie sur terre est passage dans les réalités temporelles. Nous sommes des pèlerins. Ces considérations sont à comprendre dans le vis-à-vis avec la dimension de lumière qui, elle, nous ouvre aux réalités éternelles. En d’autres termes, il y a une dimension d’éternité qui est présente dans nos vies. Dimension qui est déjà présente car nous pouvons y penser. Dimension qui est à venir car nous devons nous préparer, ce qui nous ouvre au deuxième élément important.
En effet, dans l’opposition que Jésus met entre monde et lumière, il y a dans la réalité du monde comme quelque chose de ténébreux, qui est fermé à la lumière du Christ. Aussi, si nous restons comme enfermer dans les réalités du monde et bien nous en oublions la lumière du Seigneur. Inversement, la lumière du Seigneur peut donner le sens profond et vrai aux biens de ce monde, aidant ainsi les hommes que nous sommes à choisir d’une manière raisonnable et éclairée.
Chers frères et sœurs, pendant son voyage au Royaume Uni, le Saint Père s’est adressé aux représentants de la société civile et politique. Il a insisté sur le fait que la religion venait purifier, éclairer, la raison afin de l’aider à mettre en œuvre ce qui est juste, ce qui est bon, ce qui est bien. D’où l’importance d’un dialogue authentique entre la raison et la foi à tous les niveaux de notre vie. Cela est vrai non seulement pour notre vie personnelle, mais également dans tout ce que nous faisons pour la vie sociale et politique.
N’est-ce pas en quelque sorte ce que nous dit Jésus aujourd’hui dans l’Évangile ? « Faites-vous des amis avec l’Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles ». Au travers de ces mots, Jésus nous rappelle que les biens de ce monde peuvent nous tromper et nous détourner de notre vocation première qui est de les gérer afin de les orienter suivant le dessein de Dieu. Les biens temporels doivent nous conduire vers les biens éternels ! Ce sont des moyens transitoires qui doivent nous conduire vers les biens véritables qu’est la Gloire du Ciel. Il ne s’agit pas de rejeter les biens matériels, mais d’en faire bon usage dans le service d’une charité authentique. En ce sens la foi vient éclairer la raison afin de donner une juste place au bien de ce monde dans l’histoire de notre vie qui doit être toute orientée vers les réalités éternelles. La doctrine sociale de l’Église vient nous aider dans les choix à faire, dans l’orientation juste de notre vie.
Chers frères et sœurs bien-aimés, ouvrons la porte de notre cœur et accueillons la Parole de Dieu dans la prière : « Seigneur tu as voulu que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain. Donne à chacun la claire vision de ce qu’il doit faire et la force de l’accomplir. »
Amen.