Mais en fait, on est en dehors de ce que Jésus nous dit aujourd’hui ! En effet, à la question : « Et qui donc est mon prochain ? » Jésus répond par une autre question : « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits ? » En d’autres termes, Jésus engage son interlocuteur à se faire le prochain de l’autre, c’est-à-dire à s’occuper de lui de telle manière qu’il prend soin de l’autre, qu’il cherche le bien de l’autre. C’est d’ailleurs ce que nous voyons dans les gestes du Samaritain et dans ce qu’il dit à l’aubergiste à qui il confie celui qu’il vient de sauver : « Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai ».
En fait dans cette figure du Bon Samaritain, que nous sommes tous appelés à être, Jésus se décrit lui-même en présentant l’histoire du salut. Relisons cette parabole de Jésus.
L’homme qui descend de Jérusalem à Jéricho, c’est l’humanité entière, chacun d’entre nous, qui cheminons dans le quotidien de notre vie. Les bandits représentent le démon qui ne désire qu’une seule chose c’est que nous détournions de Dieu et ainsi nous conduire à la mort alors que nous sommes fait pour la vie. Le lévite et le prêtre qui voit l’homme blessé par le péché et passent de l’autre côté, ce sont tous ceux qui disent et ne font pas. Enfin, il y a le Bon Samaritain, celui qui se penche, c’est Jésus lui-même qui se penche l’humanité blessée et qui s’en occupe avec douceur et miséricorde. Et il s’en occupe jusqu’au bout même lorsqu’il remonte vers le Père. En effet, il emmène l’humanité à l’auberge qu’est l’Église à laquelle il donne tout ce qui est nécessaire pour permettre que l’homme se rétablisse et devienne un homme debout. On peut voir dans les deux pièces d’argent soit les deux testaments de l’Écriture Sainte, soit les deux tables de l’Eucharistie que sont la Parole et le Pain de Vie, soit la foi proclamée dans le Credo et la foi célébrée dans les sacrements. Enfin, le Bon Samaritain invite l’aubergiste à bien s’occuper de l’homme parce qu’il confie à l’Église d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut à toutes les nations, et cela jusqu’au retour en Gloire du Sauveur à la fin des temps, car telle est notre Espérance.
Chers frères et sœurs, après une telle lecture, nous entendons ensuite Jésus dire à son interlocuteur et donc nous dire à chacun d’entre nous : « Va, et toi aussi fais de même ». C’est que Jésus nous invite à vivre comme lui, c’est-à-dire à avoir le souci du salut de nos frères en nous occupant d’eux avec courage et abnégation, mais en sachant qu’il nous remboursera pour tout ce que nous aurons fait pour nos frères et sœurs dont nous nous serons fait les prochains.
Il ne s’agit pas d’avoir une attitude simplement philanthropique basée sur une vision seulement affective de la vie humaine. Il s’agit de rappeler par nos gestes et nos paroles la grandeur et la dignité de la personne humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle.
Il ne s’agit pas de laisser se construire une société basée sur la recherche hédoniste d’une simple jouissance en fonction de ses désirs et de ses caprices. Il s’agit d’annoncer à tout homme qu’il est appelé à aimer comme Dieu nous aime c’est-à-dire en donnant sa vie pour nous, se faisant ainsi le prochain de l’homme, de tout l’homme, de tous les hommes.
Il ne s’agit pas de se laisser prendre par la pensée unique en se disant à quoi bon tout ça. Il s’agit d’oser annoncer la vérité en nous mettant humblement, paisiblement mais résolument au service de l’Évangile.
Oui, de même que Jésus s’est fait le prochain de l’homme en le rétablissant dans sa dignité d’enfant de Dieu, en lui annonçant la vrai route du bonheur, en lui donnant pouvoir entrer dans la communion d’amour Trinitaire. Jésus nous demande de faire de même ! Comment ? En acceptant de nous laisser renouveler par le Seigneur car, ainsi qu’a pu le dire le Pape François, la vie chrétienne n’est pas un catalogue de choses que nous faisons mais un renouvellement harmonieux de la totalité de notre vie accompli par l’Esprit Saint, c’est la nouveauté de l’Évangile qui prend alors chair dans nos vies.
Chers frères et sœurs bien-aimés, n’ayons pas peur de cette nouveauté apporté par l’Esprit alors nous deviendrons vraiment le prochain de nos frères comme le Seigneur nous y invite. Que la Vierge Marie nous accompagne sur cette route.
Amen.