La représentation iconographique de l’Assomption de la Vierge Marie est assez significative. Bien souvent, on peut définir trois niveaux qui nous aident à mieux comprendre ce mystère ineffable de l’Assomption de la Vierge Marie. Alors regardons un tableau représentant l’Assomption en partant du bas pour aller vers le haut.
En bas du tableau, autour d’un tombeau vide, il y a les Apôtres avec un air étonné, interdit, ou encore émerveillé. Certains ont les yeux tournés vers le Ciel. Ils nous renvoient aux saintes femmes face au tombeau vide de Jésus. Le mystère de l’Assomption est indissociable de l’événement de la résurrection du Seigneur. De plus les Apôtres témoignent ainsi de notre attitude de cœur face au mystère. L’intelligence, la raison a besoin de s’effacer afin d’accueillir ce que Dieu nous donne en nous ouvrant au mystère de notre vocation plénière qui s’exprime avec force par saint Augustin dans les Confessions : « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ».
Au milieu du tableau, il y a la Vierge Marie. Généralement, elle est représentée sur des nuages portés par des petits angelots bien joufflus. Dans cette représentation de Notre Dame, il y a la manifestation à la fois céleste et terrestre de ce mystère. « Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles », nous dit l’Apocalypse. Notre vie humaine ne s’arrête pas à la réalité visible mais il y a aussi une dimension mystérieuse, une dimension spirituelle. Dans le monde dans lequel nous vivons, nous avons tendance à nous arrêter à ce que l’on voit ou ce que l’on ressent. On en arrive alors à ne plus savoir où aller, à ne plus considérer la vérité de ce que nous sommes et de ce à quoi on est appelé. En d’autres termes, c’est le flou, le brouillard ! Il en découle qu’on réagit d’une manière affective ce qui n’est pas toujours cohérent ni rationnel. Le mystère de l’Assomption nous montre l’importance de tenir ensemble cette double dimension paradoxale de notre vie. Nous sommes à la fois incarné et spirituel. N’ayons pas peur de traverser cette réalité du visible afin de gouter aux biens invisibles, au mystère de Dieu. « La Foi et la Raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité » a pu écrire le Pape Jean-Paul II.
Enfin, en haut du tableau, le Ciel est ouvert et il y a parfois une représentation de la Trinité Sainte. Le Père accueille la Vierge Marie. Le Fils place sa Mère. La Colombe de l’Esprit Saint témoigne de la grâce de Dieu qui a conduit Notre Dame tout au long de sa vie jusqu’à la Gloire du Ciel. Mystère ineffable de l’Amour de Dieu.
Chers frères et sœurs, cette contemplation du mystère de l’Assomption doit nous rejoindre dans notre vie. En un seul regard, le tableau nous montre la réalité de notre vie de disciple du Christ : accueillir réellement, concrètement, le mystère de l’Amour de Dieu qui nous conduit jusqu’à la Jérusalem céleste, la Trinité Sainte. Osons nous laisser toucher cette réalité de l’Assomption de Notre Dame et avec elle chantons le Magnificat, comme nous l’avons entendu dans l’Évangile. Osons nous émerveiller, non d’une manière béate ou extatique, mais humblement et profondément. Jésus nous l’a promis : « Là où je suis vous y serez aussi ». Marie nous montre que les promesses du Seigneur ne sont pas vaines, elle nous ouvre ainsi à l’Espérance. Marie, icône parfaite de l’Église a entendu ce que nous espérons tous entendre un jour : « Serviteur bon et fidèle, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ; entre dans la joie de ton seigneur » (Matthieu 25, 21.23). Ce que nous célébrons pour la Vierge Marie aujourd’hui, cela est pour chacun d’entre nous. « Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle ».
Chers frères et sœurs bien-aimés, en ce jour de l’Assomption confions-nous à la Vierge Marie. Appuyons-nous sur la Foi de Notre Dame, sur son fiat. L’Assomption est l’accomplissement de cette foi de Marie, que dans la ferveur de cette célébration, ce mystère soit aussi le signe éclatant de notre foi toujours plus profonde et plus grande : le Christ nous donne de participer à sa Gloire.
Amen.