L’évangile de ce dimanche nous invite à un regard de simplicité. Nous retrouvons comme un reportage des différents événements qui jalonnent la rencontre de Jésus avec Jaïre, chef de la synagogue, et cette parole de vie prononcée par le Seigneur, « Talitha koum », « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Un regard un peu plus approfondi nous permet de déterminer quatre étapes importantes dans ces versets de saint Marc. C’est étapes sont à rapprocher des différentes parties de l’Eucharistie. Toute vie avec le Christ est appelée à être action de grâce, à être eucharistique.
Dans un premier temps, nous voyons Jaïre s’approcher de Jésus. Lui, chef de synagogue, se met à genoux devant le Seigneur. Il témoigne ainsi non seulement de son amour pour sa fille mais en même temps de sa confiance qu’il a en Jésus. Ecoutons-le encore une fois : « Ma petite fille est à toute extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Comme nous l’avons entendu dans la première lecture : « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même ». Jésus est celui qui sauve et qui donne la vie. Jaïre l’a bien compris !
En fait, nous voyons un homme qui vient déposer au pied de Jésus ce qu’il porte dans son cœur. Il est un peu comme nous lorsque nous nous apprêtons à venir à la Messe, lorsque nous entrons dans l’église. Chacun nous portons ce qui fait notre vie : nos soucis, nos joies, nos peines, nos interrogations, ou tout simplement les souvenirs des jours passés. Accueillis par le Christ dans ce temps de l’accueil, nous venons remettre tout cela entre les mains du Seigneur en lui disant : « Seigneur, prends pitié ! » Aujourd’hui encore à la Messe, Jésus réagit comme avec Jaïre. Il part et va à la rencontre de ceux qui ont besoin de lui. Il part à notre rencontre, ce qui conduit à une nouvelle étape.
L’évangile nous rapporte que sur la route vers la maison de Jaïre, Jésus est pressé de toute part. Il est au milieu de la foule. Et voilà qu’une femme qui a des pertes de sang et dont la vie s’en va, le touche et est guérie de son mal. Il l’appelle et attend qu’elle s’approche pour lui donner une parole qui la libère : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. » La présence de Jésus touche les cœurs et sa parole libère. Cette femme a une démarche d’Espérance qui l’ouvre au salut.
Ne sommes-nous pas un peu comme cette femme qui vient et s’approche de Jésus pour recevoir de lui une guérison ? Cette guérison nous l’accueillons au moment où il nous livre sa parole. C’est ce qui se passe au moment de la liturgie de la Parole. Chers frères et sœurs, la Parole de Dieu est efficace. Elle agit dans notre vie. Elle nous libère. Ainsi que le dit saint Paul dans la deuxième lettre aux Corinthiens que nous venons d’entendre : « vous avez reçu largement tous les dons : la foi, la Parole et la connaissance de Dieu ». Tous ces dons nous permettent d’avancer dans notre vie.
C’est la troisième étape de l’évangile. Jésus arrive chez Jaïre et voilà qu’une foule en pleur annonce la mort de l’enfant. Mais Jésus invite à la foi : « Ne crains pas, crois seulement. » La vie nouvelle, c’est lui qui la donne ! Il dépasse tous nos manques, toutes nos réactions, tous nos préjugés pour aller à la source de la vie. « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort », dit Jésus. Et l’évangéliste continue : « Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui l’accompagnent. Puis il pénètre là où reposait la jeune fille. » Nous sommes dans l’ordre de l’Amour qui nous conduit du cœur de Dieu au cœur de l’homme, qui nous conduit au mystère du don de la vie par Amour.
Au cœur de la Messe, il y a la liturgie Eucharistique. Jésus nous rejoint au cœur de ce qui fait notre vie afin de nous donner sa vie dans son Corps livré pour nous. « Prenez et mangez en tous ». Laissons-le nous toucher afin qu’il nous relève et nous rétablisse dans la réalité de notre être vivant. « Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher », c’est ce qui nous arrive lorsque nous communions au Corps du Seigneur.
Enfin, une dernière parole de Jésus invite les parents à la faire manger. Jésus leur confie la vie de leur fille. Il y a comme un mandat du Seigneur qui les fait gardien de la vie. Jésus désire que nous soyons responsables, acteur de la vie nouvelle qu’il donne au monde. Il nous engage à être des acteurs de la mission, de la nouvelle évangélisation. D’ailleurs, c’est tout le sens de la liturgie de l’envoi. En effet, au terme de la Messe, nous entendons : « Allez dans la paix du Christ ». Jésus nous envoie porter la bonne nouvelle de la rencontre que nous venons de faire avec lui auprès de ceux qui nous entourent.
Chers frères et sœurs bien-aimés, l’évangile de ce jour nous invite à réfléchir non seulement sur la place de l’Eucharistie dans notre vie mais également à prendre conscience que toute notre vie est appelée à être eucharistique. Jésus nous invite à laisser ce qui fait le quotidien de notre vie être transformée par la force de sa Parole et de son Corps livré afin que nous puissions annoncer au monde les merveilles de la vie qui nous est donnée dans l’œuvre de la Miséricorde du Père.
Amen