Ils sont l’expression d’une vérité profonde et qui se manifeste par un geste, une attitude, une parole. Cette réalité de toute vie humaine, le prophète Isaïe la connaît bien. Et voilà qu’il se tourne vers le roi Acaz pour l’inviter à la confiance, à l’espérance : « Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets ».
Cette démarche proposée par Isaïe à Acaz est dans le fond une démarche de foi et de prière. Une démarche qui doit venir aider le roi à avoir une authentique vie de foi lui donnant de prendre conscience de la puissance et de la force du Dieu vivant et vrai. Ainsi, par cette interpellation, Isaïe engage le roi à se détourner des idoles pour accueillir l’amour de Dieu. Et le prophète va loin, en invitant le roi à faire cette demande à partir de tous les lieux qui sont dans son royaume. C’est une demande qui doit avoir des répercussions non seulement pour le roi mais également sur l’ensemble du peuple.
Or voilà que le roi décline l’offre qui lui est faite. « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve ». En fait, combien de fois dans notre vie de foi, nous n’osons pas demander à Dieu qu’il nous fasse un signe afin de nous affermir dans la foi. Plus encore, combien de fois nous refusons de voir les signes que Dieu nous fait afin de nous montrer qu’il marche réellement avec nous dans le quotidien de notre vie. Pourquoi cela ? Peut-être pour les mêmes raisons que le roi Acaz : parce que nous savons que si nous accueillons le signe qui nous est fait par le Seigneur, nous serons appelés à changer de vie ! Acaz, ne le veut pas, alors il ne veut pas non plus de signe.
Chers frères et sœurs, ayons confiance en Dieu et demandons lui de nous donner le signe dont nous avons besoin pour entrer dans un cheminement de foi qui nous conduira à la joie qui vient de Dieu. L’homme a besoin de signes ! Le chrétien a besoin de signes ! Mais en plus, le fidèle du Christ est appelé à être lui-même ce signe de la présence de Dieu. Alors, ne vivons pas seulement en parole, comme des « vaporisateurs » (pour reprendre une expression du pape François), mais qu’en profondeur nous soyons des signes denses de l’espérance et de la tendresse de Dieu.
D’ailleurs, le prophète Isaïe n’en reste pas là ! Il se met quelque peu en colère et dit clairement que le Seigneur malgré tout donnera un signe : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). De crème et de miel il se nourrira, et il saura rejeter le mal et choisir le bien ». Le signe est donné à l’homme de savoir l’accueillir. Certes, ce signe va bouleverser l’histoire de l’humanité. Ce signe va changer la vie des hommes. Ce signe va nous transformer en profondeur et faire de nous des hommes et des femmes neufs. Mais, sommes-nous prêts à l’accueillir ? Sommes prêts à nous laisser bousculer par ce signe qui nous est donné aujourd’hui ?
C’est en quelque sorte la question que pose Isaïe à l’ensemble de la maison de David. Pour accueillir ce signe, il nous faut avoir un cœur ouvert et disponible. Nous sommes ainsi appelés à nous désencombrer de ce qui nous empêche de nous rendre disponible à cet appel lancé par Dieu en nous donnant le signe merveilleux de la jeune femme enceinte qui donne naissance à un fils. C’est le signe de la vie de Dieu qui est donnée qui nous est donnée.
Cette démarche de foi, saint Joseph l’a vécue lui-même. Alors qu’il venait de décider de répudier Marie en secret, voilà que l’ange du Seigneur vient lui annoncer l’accomplissement de la prophétie qui avait été faite par Isaïe : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Au réveil, il fit ce que l’ange lui avait dit.
Chers frères et sœurs bien-aimés, alors que nous nous approchons de la grande solennité de Noël, soyons disponibles pour accueillir le signe qui nous est donné. Qu’à l’image de saint Joseph, nous puissions nous mettre en marche pour recevoir chez nous celui qui vient, l’Emmanuel, Dieu avec nous.
Amen.