Mais être un prophète qu’est-ce que cela veut dire ? S’agit-il d’annoncer les bonnes ou les mauvaises nouvelles qui vont arriver ? Qu’est-ce qu’être prophète ? Le prophète est celui qui parle. Mais attention, il ne parle pas de son propre chef ni de sa propre autorité, il est envoyé par Dieu et doit parler en son nom. En d’autres termes, le prophète est un homme, une femme de la parole.
Or figurez-vous que, par la grâce de notre baptême, nous sommes devenus prêtres, prophètes et rois. Notre mission de baptisés, prophètes, est de proclamer à notre tour les merveilles de Dieu. « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16, 15), dit Jésus aux Apôtres avant de retourner vers le Père. En d’autres termes, nous sommes appelés à témoigner, à proclamer la Bonne Nouvelle à temps et à contretemps. tout en nous rappelant que, même s’il a besoin de nous, Dieu seul touche les cœurs. L’exercice de cette grâce prophétique se manifeste non seulement par le témoignage explicite de notre foi, mais également par le témoignage de nos vies. Ainsi qu’a pu le dire le Pape Paul VI : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (Evangelii Nuntiandi n° 41).
Alors que devons-nous faire pour que cette prière de Moïse s’accomplisse aussi pour nous ? Tout d’abord, ouvrons nos cœurs à l’Esprit Saint. C’est lui qui nous conduit afin d’entrer dans une imitation du Christ lui-même. Si nous prenons au sérieux notre vocation de prophète dans ce monde, alors nous chercherons à vivre d’une manière toujours plus plénière de l’Évangile, c’est-à-dire que nous chercherons non seulement à découvrir la Vérité, mais en plus nous ferons tout pour nous laisser posséder par elle afin que toute notre vie, toute notre personne soit transformées par LA Vérité qu’est le Christ Jésus Lui-même.
Concrètement, chers frères et sœurs, comme prophète par la grâce de notre baptême, nous sommes appelés à poser un regard juste et authentique sur l’homme, sur la société en évolution si rapide, sur la culture. Mais plus encore, nous sommes appelés à agir de telle façon que nous puissions construire l’avenir dans le souci du bien de tous, dans un sens qui humanise toujours plus l’homme pour la Gloire de Dieu et le Salut du monde.
« Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » Par des mots très forts et ayant une dimension assez radicale, Jésus nous engage à désirer cette dimension prophétique en gardant toujours nos vies orientées vers la vie éternelle. Tout d’abord en étant attentif aux autres et tout particulièrement aux petits au plus faibles que nous ne devons pas scandaliser par notre vie et nos propos. De plus, nous devons orienter notre travail, ce qui fait de nous des gens libres, notre regard qui est la lampe de notre corps, vers le bien de tous en mettant la personne humaine au cœur de nos préoccupations comme elle l’est au cœur des préoccupations de Jésus.
Oui, par le don de l’Esprit Saint, par la grâce de notre baptême, la dimension prophétique de notre vie nous donne de pouvoir regarder l’œuvre de la Création comme étant confiée à l’homme, non pour en faire ce qu’il veut, mais pour lui donner de pouvoir entrer dans l’accomplissement de sa vocation : devenir pleinement humain en voyant Dieu tel qu’Il est !
Chers frères et sœurs bien-aimés, n’ayons pas peur de cette vocation de prophète à laquelle tout disciple du Christ est appelé. N’ayons pas peur de dire au monde d’aujourd’hui la Vérité sur l’Homme, sur l’Amour, sur la Vie. Pour cela entrons toujours plus dans une recherche de Dieu, dans un accueil de son Amour. Et avec saint Augustin prions d’un cœur confiant : « Tard je t’ai aimée beauté ancienne et si nouvelle tard je t’ai aimée … Tu étais au-dedans de moi et moi j’étais dehors… Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi… Tu m’as appelé, tu as crié, et tu as vaincu ma surdité. Tu as montré ta lumière et ta clarté a chassé ma cécité. Tu as répandu ton parfum je l’ai respiré et je soupire après Toi. Je t’ai goûté, j’ai faim et soif de toi. Tu m’as touché, et j’ai brûlé d’amour pour la paix que tu donnes ». Ainsi, à la suite de l’évêque d’Hippone, nous serons les prophètes du XXIème siècle.
Amen.