Ainsi c’est exprimé le pape François lors de la Messe du mercredi des cendres. Puis il a insisté : « Encore une fois, le Carême vient nous adresser son appel prophétique, pour nous rappeler qu’il est possible de réaliser quelque chose de nouveau en nous-mêmes et autour de nous, simplement parce que Dieu est fidèle, il est toujours fidèle, car il ne peut pas se renier lui-même, il continue à être riche de bonté et de miséricorde, et il est toujours prêt à pardonner et à recommencer depuis le début. Avec cette confiance filiale, mettons-nous en chemin ! »
Mais ce chemin peut nous conduire au désert. Ce désert peut être spirituel, dans lequel nous ne sentons pas la présence de Dieu. Ce désert peut être humain parce que nous avons cette sensation d’être bien seul sur la route de la conversion, ou bien parce qu’on est moqué du fait que l’on désire vivre le carême en profondeur afin de « réagir face à la réalité du mal qui nous défie toujours ». Nous pouvons alors être tentés de baisser les bras et choisir la facilité plutôt que de nous tourner vers le bien.
Chers frères et sœurs, n’ayons pas peur de vivre ce temps du Carême en nous rappelant inlassablement que Dieu est un Père riche en miséricorde. Et ainsi qu’a pu le dire le Saint Père : « La conscience des merveilles que le Seigneur a accomplies pour notre salut dispose notre esprit et notre cœur à une attitude de gratitude envers Dieu, pour ce qu’Il nous a donné, pour tout ce qu’il accomplit en faveur de son peuple et de l’humanité tout entière. C’est de là que part notre conversion : celle-ci est la réponse reconnaissante au mystère merveilleux de l’amour de Dieu. Quand nous voyons cet amour que Dieu a pour nous, nous sentons l’envie de nous approcher de Lui : cela est la conversion ».
Vivons ce chemin de conversion en allant résolument au désert avec Jésus. Le désert est un lieu où l’on se retrouve seul face à soi-même. Jésus fait lui-même l’expérience d’un vide. Certes, il jeûne quarante jours et quarante nuits, il a donc droit d’avoir faim et il peut être sensible à la tentation de l’avoir que lui lance le diable ! Et pourtant Jésus répond en rappelant la place centrale de la Parole de Dieu, de l’Écriture Sainte qui vient nourrir le cœur de l’homme. Cette expérience de manque creuse la faim de Dieu Père.
Mais le démon n’en reste pas là. Il pousse Jésus dans une autre tentation, en le prenant à son propre jeu puisqu’il lui cite même l’Écriture. Cela nous donne de nous rappeler que le démon connaît l’Écriture, mais il n’y adhère pas, il l’utilise à ses propres fins. Et Jésus, une fois encore, ne se laisse pas faire ! Il résiste à cette tentation du savoir en recentrant sur la personne même de Dieu. Oui Dieu doit être accueilli simplement parce qu’il est Dieu. Et puisqu’il est Dieu, il sait ce qui est bon, ce qui est bien, ce qui est parfait. C’est pourquoi, nous ne devons pas le mettre à l’épreuve mais nous tourner vers lui en recevant ce qu’il veut nous donner même si nous ne comprenons pas tout.
Enfin, le diable entraine Jésus une dernière tentation celle du pouvoir : « Tout cela, je te le donnerai, si tu te prosternes pour m’adorer ». Et Jésus repousse avec force le démon : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c’est lui seul que tu adoreras ». C’est Dieu lui-même qui doit être au cœur de notre vie. C’est lui qui donne sens à notre vie car il en est à l’origine et il en est la finalité. « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ! », écrira saint Augustin dans la Confessions.
Au travers de ces tentations, Jésus nous recentre chacun d’entre nous sur la présence de Dieu. L’expérience du désert nous ouvre à l’expérience de la présence de Dieu. C’est une expérience de foi à laquelle nous sommes appelés ! Le carême nous est donné afin que renouvelions notre vie de foi.
Nous vivons dans un monde qui veut se passer de Dieu ! La transmission de la foi ne se fait plus ou difficilement ! Et tout cela est commode et peut nous anesthésier ! Le Carême est là providentiellement pour venir nous rappeler que Dieu est présent et qu’il agit dans notre vie, qu’il nous faut nous tourner vers lui et le laisser renouveler notre cœur. Oui, « Dieu, infiniment Parfait et Bienheureux en Lui-même, dans un dessein de pure bonté, a librement créé l’homme pour le faire participer à sa vie bienheureuse » (CEC, 1).
Chers frères et sœurs bien-aimés, avec l’aide de la Vierge Marie, en résistant avec Jésus, à la tentation, vivons ce temps de carême en vivant d’une manière plus plénière de cette présence de Dieu qui est là dans notre vie.
Amen