Ce dimanche, nous sommes introduit dans un véritable chemin de foi jalonné de plusieurs étapes jusqu’à cette question intérieur : « Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent ? » D’ailleurs cette question est aussi la notre et il est bon que nous puissions nous la poser : qui est Jésus ? Remarquez que l’évangile n’apporte pas de réponse explicite. Il faudra attendre le pied de la croix et la mort de Jésus pour que l’on entende : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! » Pour l’instant nous sommes dans un cheminement qui, de questionnement en questionnement, conduit à reconnaître le Seigneur.
Ce cheminement, ne se fait pas en dehors de la vie. En effet, nous voyons la barque être ballottée par la tempête. Et saint Marc est précis afin de nous montrer la violence de cette tempête : « Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d’eau ». Qui dans cette situation n’aurait pas eu peur ? Dans l’histoire, l’Eglise a souvent été secouée par la tempête. On a même l’impression que parfois elle prend l’eau. D’ailleurs, au moment où saint Marc écrit, il y a les persécutions qui font rage. Persécutions qui demeurent encore aujourd’hui. Les tempêtes sont toujours là et dans toutes les parties du monde. Mais c’est au cœur de ces tempêtes que nous entendons une question de Jésus qui vient nous toucher au plus profond de notre cœur : « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? »
Chers frères et sœurs, au cœur de notre vie, Jésus nous interpelle. Et il le fait comme une réponse à notre appel, à notre peur. Bien souvent, c’est la peur qui nous paralyse et nous empêche de d’annoncer les merveilles de Dieu. C’est notre manque de foi en la présence agissante, quoique souvent discrète, de Jésus qui nous empêche d’aller de l’avant dans la confiance et dans l’amour. C’est pourquoi, Jésus demande à ses Apôtres d’aller au-delà de ce qu’il perçoive de la situation dans laquelle ils sont. Il leur demande, il nous demande d’accueillir le mystère de sa présence qui parfois nous déroute : « Lui dormait sur le coussin à l’arrière », alors qu’il y a la tempête.
Pourtant, c’est au cœur de la tempête, que les Apôtres se tournent vers le Seigneur : « Ses compagnons le réveillent et lui crient : "Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ?" » Comme un bateau en difficulté cherche une lumière pour lui permettre de se localiser, l’homme dans l’angoisse et la peur cherche un roc sur lequel il peut s’appuyer. Alors, dans le tumulte qui nous envahit, nous refusons que Jésus dorme, nous voulons qu’il réagisse avec éclat. « Tu vois cette détresse et cela ne te fait rien ? »
Et pourtant, le Seigneur est là, près de nous et avec nous, dans une présence toute aimante et toute bienveillante. Dans ces moments, seule la foi peut nous permettre de dire cette présence, mais bien souvent notre cœur, notre esprit sont tournés ailleurs. C’est pourquoi, nous avons besoin de nos frères, du soutien de la communauté pour que nous puissions continuer d’avancer au milieu de la tempête de notre vie. Justement, cette présence de nos frères, n’est-ce pas la manifestation de la présence de Jésus ? C’est par la charité fraternelle que se manifeste alors la présence du Seigneur. Demandons-lui la grâce de savoir le vivre afin de le reconnaître. Oui, le Seigneur ne nous abandonne pas, il nous a promis d’être avec nous tous les jours de notre vie. Telle et notre Foi ! Telle est notre Espérance !
Chers frères et sœurs bien-aimés, au début de son encyclique sur l’Espérance, le pape Benoît XVI rappelle que la foi est espérance. Il écrit : « La rédemption nous est offerte en ce sens que nous a été donnée l’espérance, une espérance fiable, en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent : le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s’il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin. » Alors, en ce jour, levons les yeux vers le Seigneur. Quelque soit les tempêtes de notre vie sachons reconnaître sa présence discrète mais réelle. Osons méditer sur cette présence de Jésus au monde afin d’en témoigner par notre propre présence.
« Seigneur, lorsque les ténèbres semblent nous accablées, que la tempête de notre vie risque de nous faire couler, donne-nous des frères qui soient signe de ta présence aimante et agissante au cœur du monde afin que nous puissions te reconnaître, croire en ta miséricorde et t’accueillir dans notre vie. »
Amen