En effet, nous voyons Jésus poser son regard sur les Apôtres pour leur faire franchir un pas supplémentaire dans leur marche à la suite du Christ : l’envoi en mission. Avant cet envoi, Jésus a déjà passé du temps avec les disciples. Ils ont entendu la prédication du Sauveur. Ils ont vue des signes accomplis par le Seigneur. Ils pu vivre dans l’intimité avec le Christ.
Ces trois réalités sont essentielles pour la vie du chrétien. Avant de partir en mission, il est nécessaire de prendre le temps d’une formation catéchétique réalisée par une confrontation assidue avec la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Église afin de vivre dans une recherche perpétuelle de la Vérité qu’est le Christ Jésus lui-même. Il est également important de vivre des signes sacramentels institués par Jésus et confiés à l’Église. Il faut aussi pouvoir prendre le temps de vivre dans l’intimité avec le Sauveur par la prière silencieuse et le temps donné gratuitement à Jésus pour nos frères.
Après ce temps de formation, qui toujours à renouveler, le Christ envoie « pour la première fois » les Douze en mission. Il faut oser franchir le pas. On peut avoir envie de garder pour nous l’expérience d’intimité avec Jésus que nous pouvons vivre. Mais le Seigneur vient nous dire : « Allez ! » En effet, la recherche du Christ doit nous permettre d’aider nos contemporains à faire l’expérience de Dieu. Jésus est venu pour que les hommes aient la vie en abondance mais il veut avoir besoin de nous. C’est pourquoi, il envoie les Douze, par eux il envoie l’Église en mission, et donc il nous envoie chacun personnellement.
Mais, chers frères et sœurs, remarquez que les disciples ne partent pas seul. Ils partent deux par deux. Si la mission est bien celle du Christ, elle ne peut s’accomplir sans l’Église. Par nos actions missionnaires, nous sommes des signes de la présence agissante de l’Église au milieu du monde. Gardons toujours présent à l’esprit que, dans la proclamation de l’Évangile c’est non seulement le Christ que nous annonçons mais également l’Église dans sa mission d’être « à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen Gentium, 1) que nous représentons. L’Époux, le Christ, ne peut être accueilli sans l’Épouse, l’Église, et l’Épouse ne peut agir sans l’Époux.
Notre mission, la mission de tout disciple du Christ, prend sa source dans celle de l’Église qui est envoyée par son Seigneur. La fécondité de notre mission n’est effective que parce que nous sommes en communion avec l’Église. Mais en plus, maternellement, l’Église accompagne chacun de ses membres afin qu’il soit missionnaire. Et comme le dit l’évangile de ce dimanche : « Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient. »
Dans le quotidien de notre mission, alors qu’éventuellement nous voyons de belles choses émerger, n’oublions pas que, même si nous avons œuvré, c’est une grâce que Dieu nous fait. Dans notre vie avec le Christ, nous sommes donc appelés à vivre dans la gratuité du don de Dieu riche en Miséricorde, dans la gratuité de l’Amour. Et à cette gratuité de Dieu, l’homme est appelé à répondre gratuitement. Une gratuité qui s’exprimera dans la disponibilité du don de nous-même. « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les figuiers. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : ‘Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël’ », nous dit le prophète Amos. Cette disponibilité est également celle du Christ ou encore celle des Douze. A notre tour soyons disponibles.
Chers frères et sœurs bien-aimés, en cette période qui nous est donnée pour nous ressourcer, prenons le temps de plonger au-dedans de nous-même afin d’approfondir notre intimité avec le Seigneur Jésus. Ouvrons notre cœur pour entendre l’appel à le suivre et l’envoi en mission. Puis prenons les moyens pour répondre généreusement à la voix douce et puissante de Jésus en étant docile à la force de l’Esprit Saint.
Ne l’oublions pas, nos contemporains « ont besoin de sortir de l’anonymat et de la peur ; ils ont besoin d’être connus et appelés par leur nom, de marcher avec assurance sur les sentiers de la vie, d’être retrouvés s’ils sont perdus, de recevoir le salut comme don suprême de l’amour de Dieu ; c’est ce que fait Jésus, le Bon Pasteur » [1], c’est ce que nous sommes appelés à faire avec lui. Que la Vierge Marie nous y aide.
Amen