« L’amour – "caritas" – est une force extraordinaire qui pousse les personnes à s’engager avec courage et générosité dans le domaine de la justice et de la paix. C’est une force qui a son origine en Dieu, Amour éternel et Vérité absolue. Chacun trouve son bien en adhérant, pour le réaliser pleinement, au projet que Dieu a sur lui : en effet, il trouve dans ce projet sa propre vérité et c’est en adhérant à cette vérité qu’il devient libre (cf. Jn 8, 22). Défendre la vérité, la proposer avec humilité et conviction et en témoigner dans la vie sont par conséquent des formes exigeantes et irremplaçables de la charité. En effet, celle-ci "trouve sa joie dans ce qui est vrai" (1 Co 13, 6). Toute personne expérimente en elle un élan pour aimer de manière authentique : l’amour et la vérité ne l’abandonnent jamais totalement, parce qu’il s’agit là de la vocation déposée par Dieu dans le cœur et dans l’esprit de chaque homme. » Ainsi s’exprime le Pape Benoît XVI au tout début de son encyclique Caritas in veritate sur le développement humain intégral dans la charité et dans la vérité.
L’évangile de ce dimanche est une bonne illustration de cet amour qui est nourri par la vérité, et de cette vérité qui ne peut être donnée que dans la charité. C’est d’ailleurs dans un rapport juste entre les deux, Amour et Vérité, que peut se développer l’homme dans toutes ses dimensions.
Mais, que voyons-nous dans l’évangile de ce dimanche ? Jésus vient de nourrir toute une foule avec seulement cinq pains et deux poissons. Puis il a fait ramasser tout ce qui restait. Certes, on ne sait pas ce que sont devenus les douze corbeilles pleines, mais Jésus nous montre ainsi une forme d’expression de la réalité d’un amour juste et vrai, que notre monde devrait redécouvrir : on ne jette pas la nourriture en général et le pain en particulier. L’homme reçoit la nourriture dont il a besoin, et dans nos pays il la reçoit en surabondance, mais en même temps, il est appelé à vivre la gratuité du partage et du don afin que tous puisse vivre dans la dignité.
La foule qui vient d’être nourrie part à la recherche de Jésus. Elle a besoin d’un signe afin d’entrer dans une démarche de foi. Certes, le signe qu’elle voit est la réalité de cette sollicitude du Seigneur qui lui a donné à manger mais Jésus les invite à découvrir la profondeur du sens de ce qu’il vient de faire. « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés. Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son empreinte. » Par ces mots emprunts de charité, Jésus transmet la force de la vérité : il y a des choses qui passent et d’autres qui demeurent. Il invite ses auditeurs à la liberté en accueillant la vérité sur ce qu’il est : non pas un magicien capable de nourrir toute une foule avec rien, mais le fils de l’homme qui vient nourrir la foule pour qu’elle entre dans la vie éternelle.
Chers frères et sœurs, nous voilà nous aussi comme la foule. Nous nous sommes approchés de Jésus. Pour quelle raison sommes-nous venus le trouver ? Sommes-nous prêts à notre tour à recevoir cette nourriture qui nous conduit en nous libérant de l’intérieur ? Jésus est le pain de la route qui nous mène vers la vie éternelle.
La profondeur de la vérité s’accueille étape par étape. Jésus le sait bien. C’est pourquoi, il écoute les questions posées et permet ainsi à la foule de cheminer jusqu’à l’accueil de la vérité sur sa personne. C’est une preuve de grande charité que de savoir écouter le questionnement qui est là dans le cœur de nos frères. « Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » S’interroge la foule. Et Jésus doucement, les fait entrer dans l’acte de foi. L’acte foi vrai libère l’homme du fait de l’accueil de la charité qui s’exprime dans la Miséricorde. Jésus est vraiment celui qui vient libérer l’homme en venant rassasier toute sa personne : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif ». Celui qui fait entrer Jésus dans sa vie constatera qu’il peut apaiser totalement la faim et la soif de son âme.
Chers frères et sœurs bien-aimés, Jésus dit de lui qu’il est le pain vivant, le vrai pain que Dieu donne aux hommes. Nombreux sont ceux qui peuvent en témoigner. Les saints que l’Église nous donne comme grands frères, c’est certain, mais il y a aussi la multitude des hommes qui ont découvert qu’en s’approchant de Jésus ils ont trouvé ce à quoi le cœur aspire en profondeur : se savoir aimé, ne pas se sentir condamné, être accueilli, pouvoir faire confiance. Auprès de Jésus se trouve ce qu’il y a de plus important dans la vie : le pain de l’amour. Vrai pain de vie, Jésus est celui qui nous donne d’aimer en vérité et d’annoncer la vérité dans la charité. Vrai pain de vie, Jésus nous donne la force d’accueillir la vérité sur notre vie afin d’œuvrer d’une manière concrète pour un monde de justice et de paix où l’homme sera respecté dans la dignité de sa personne.
Amen